Alors que sa vie privée prend l’eau, Nicolas, comédien de second plan, tente de rester à flot en courant les cachets…

Salut l’artiste rend hommage à tous ces acteurs méconnus qui ne courent plus après la gloire et se contentent d’enchaîner les petits boulots (publicité, figuration, doublage) pour continuer à vivre leur passion. Mais est-ce vivre, justement ? C’est l’étonnante question que nous posent Yves Robert et son scénariste, Jean-Loup Dabadie, avec un film plus proche du drame que de la comédie. On sourit assez peu aux galères perpétuelles de Nicolas, acteur « qui perd sa vie à la gagner ». Marcello Mastroianni, dont le français n’est pas toujours très intelligible, renforce cette impression en composant un homme qui s’épuise à courir après les rôles et les femmes. En père absent ou en amant fuyant qui joue en permanence la comédie, il livre un surprenant numéro, aussi désenchanté que pathétique, qui ne donne pas envie de rire. Une composition voulue par le réalisateur (dans un souci d’objectivité ?) mais qui plombe, in fine, ce Salut l’artiste que l’on aurait aimé plus enjoué, à l’image du comparse de Nicolas parfaitement campé par Jean Rochefort.

Reste de beaux et émouvants portraits de femmes, victimes consentantes mais pas dupes des errements d’un homme qui, en refusant de faire des choix, risque de tout perdre. Face à Mastroianni, Carla Gravina ne manque pas de charme et la belle Françoise Fabian, dans son fauteuil Pomare, semble avoir inspiré Just Jaeckin pour son Emmanuelle sorti l’année suivante.
Célébration en demi-teinte du métier de comédien, Salut l’artiste, avec sa mise en scène un peu plate et ses déplaisants arrêts sur image, est loin d’être le meilleur film d’Yves Robert. Il convient toutefois de saluer l’état des lieux lucide qu’il dresse d’une profession finalement peu glamour et bien souvent contrainte à « une vie privée de vie privée » comme le disait si astucieusement Jean-Loup Dabadie. Chapeau l’artiste.