Fin des années 30, un homme au passé trouble se fait embaucher dans une foire itinérante où il apprend le mentalisme et la télépathie auprès d’une voyante et de son mari alcoolique. Ambitieux, il vole bientôt de ses propres ailes et monte son propre show afin d’arnaquer une clientèle plus riche mais aussi beaucoup plus dangereuse…

Après la parenthèse consensuelle qu’était La forme de l’eau, Guillermo del Toro revient, avec Nightmare Alley, à cet univers sombre qu’il affectionne tant au travers d’un authentique film noir baignant dans une atmosphère fantastique évoquant parfois le Freaks de Tod Bowning (1932). Le cinéaste mexicain ne ménage pas ses efforts pour soigner les ambiances de ce mystérieux et élégant jeu de dupes (magiciens et psychanalystes même combat ?) dont l’issue s’avère malheureusement trop prévisible. Tout au soin apporté à sa reconstitution des années 30 porté par un casting haut de gamme, il en oublie de donner du rythme à un thriller qui, peu à peu, tire en longueur une fois passée la partie se déroulant chez les forains. C’est peu dire que l’on se désintéresse vite du sort prédestiné de son héros, de son arnaque à réveiller les morts ainsi que de l’agaçante prestation de Cate Blanchett surjouant la femme fatale, blonde et perverse. Véritable merveille visuelle, le film laisse un autre regret : que Guillermo del Toro ne soit jamais parvenu à adapter l’univers de Lovecraft dont ce Nightmare Alley semble être une prometteuse ébauche au traitement, hélas, un peu superficiel.