Affiche du film Fais-moi plaisir !
Jean-Jacques, un inventeur gaffeur, séduit sans le vouloir une inconnue croisée dans un bar en testant la technique de drague d’une de ses connaissances.
Jalouse, sa petite amie Ariane lui propose un étrange marché : il doit accepter d’avoir une aventure avec cette femme pour couper court, pense-t-elle, à ses fantasmes.
Cela tombe bien, l’inconnue l’invite à une soirée qu’elle organise dans son appartement. Une réception mondaine qui ne va pas être de tout repos pour ce maladroit séducteur malgré lui.
Fais-moi plaisir ! est une heureuse surprise et fait figure d’ovni au milieu du nombre de comédies françaises sinistrées par une standardisation destinée, pense-t-on, à plaire au plus grand nombre.
Retrouvant, dans un premier temps, l’élégance des jeux amoureux et des joutes verbales élaborés par Michel Deville et Nina Companeez au début de leur carrière, le réalisateur élabore un univers où propos sérieux et répliques fantaisistes se renvoient la balle avec humour et raffinement. Mais loin de se reposer sur la qualité de ses dialogues, qui pourraient virer au brillant bavardage, il fait progressivement basculer son film vers un comique de situation et plonge son personnage de gentil gaffeur dans des situations burlesques d’autant plus inextricables que Jean-Jacques ne sait pas dire non et se refuse à peiner les gens. Rien n’est permis quand on est trop poli semble s’amuser le comédien cinéaste.
Jacques Tati ou Pierre Étaix ne sont pas loin dans la façon qu’à Emmanuel Mouret de s’amuser des absurdités du quotidien mais c’est surtout à La Party de Blake Edwards que l’on pense lors de la fameuse soirée organisée par la belle inconnue. Sans en atteindre le génie comique, il élabore une série de gags qui s’enchaînent avec une réjouissante fluidité, soutenue par une mise en scène élégante et inventive qui exploite avec efficacité la variété des décors (des extravagantes pièces de l’appartement d’Élisabeth à la cellule d’une prison symbolisée par un raie de lumière trouant l’obscurité) et des situations.
Dans le rôle titre, Emmanuel Mouret se sort plutôt bien de son rôle de séducteur candide et maladroit, mais ce sont surtout ses partenaires féminines qui retiennent l’attention. Judith Godrèche, Frédérique Bel et Déborah François, pétillantes et enjouées, sont le trio de charme d’une comédie qui fait, enfin, vraiment plaisir !