Dans un avenir proche, alors que les crimes sont facilement résolus par la police grâce au fichage des êtres humains dont les souvenirs sont transformés en simples fichiers facilement consultables par les autorités, un tueur en série, hacker de mémoires, enchaîne des meurtres parfaits.

Si l’on reconnaît aisément la patte du réalisateur de Bienvenue à Gattaca tant par le sujet abordé (la recherche d’une société parfaite qui conduit à la perte du libre arbitre) que par l’esthétisme glacé de sa mise en scène, Anon se rapproche, malheureusement, beaucoup plus du superficiel Time Out que du brûlot qu’était Lord of War. Car si l’idée de départ séduit – en dénonçant les dérives des autorités qui cherchent à s’immiscer dans nos vies au nom de notre bien-être et de notre sécurité – sa mise en œuvre laisse à désirer. L’intrigue, en dépit de son côté nébuleux, manque d’ambition et ne débouche que sur une banale histoire de meurtrier envieux. L’utilisation plutôt systématique du point de vue subjectif, s’il surprend au début, n’arrange rien. Son rendu plutôt figé, façon vieux jeu vidéo, finirait même par nuire à la fluidité du film et renforce l’impression d’un évident manque de moyens.
Dommage, car les comédiens sont plutôt convaincants et c’est avec plaisir que l’on retrouve ici le trop rare Clive Owen.
Bref, devant ce récit d’anticipation qui tente de tirer la sonnette d’alarme en réfléchissant à la disparition de l’anonymat dans un monde où les souvenirs sont devenus des fichiers qui peuvent être corrompus, modifiés ou effacés, le spectateur pourrait, paradoxalement, être enclin à faire falloir son droit à l’oubli… de ce film.