
Dans un avenir proche, alors que les crimes sont facilement résolus par la police grâce au fichage des êtres humains dont les souvenirs sont transformés en simples fichiers facilement consultables par les autorités, un tueur en série, hacker de mémoires, enchaîne des meurtres parfaits.
Si l’on reconnaît aisément la patte du réalisateur de Bienvenue à Gattaca tant par le sujet abordé (la recherche d’une société parfaite qui conduit à la perte du libre arbitre) que par l’esthétisme glacé de sa mise en scène, Anon se rapproche, malheureusement, beaucoup plus du superficiel Time Out que du brûlot qu’était Lord of War. Car si l’idée de départ séduit – en dénonçant les dérives des autorités qui cherchent à s’immiscer dans nos vies au nom de notre bien-être et de notre sécurité – sa mise en œuvre laisse à désirer. L’intrigue, en dépit de son côté nébuleux, manque d’ambition et ne débouche que sur une banale histoire de meurtrier envieux. L’utilisation plutôt systématique du point de vue subjectif, s’il surprend au début, n’arrange rien. Son rendu plutôt figé, façon vieux jeu vidéo, finirait même par nuire à la fluidité du film et renforce l’impression d’un évident manque de moyens.
Dommage, car les comédiens sont plutôt convaincants et c’est avec plaisir que l’on retrouve ici le trop rare Clive Owen.
Bref, devant ce récit d’anticipation qui tente de tirer la sonnette d’alarme en réfléchissant à la disparition de l’anonymat dans un monde où les souvenirs sont devenus des fichiers qui peuvent être corrompus, modifiés ou effacés, le spectateur pourrait, paradoxalement, être enclin à faire falloir son droit à l’oubli… de ce film.
C’est vrai que Time out n’était pas une franche réussite mais son sujet avait le mérite de me plaire assez. J’avais par contre été davantage déçu par son film sur les pilotes de drones. Et celui-ci ne m’attire guère, surtout après lecture de avis.
Dommage, dommage, « Bienvenue à Gattaca » et « Lord of war » sont vraiment des films hors normes, des chefs d’oeuvre originaux dans leurs catégories respectives. J’avais effectivement moins aimé « Time out », déjà plus lisse, ayant perdu son côté néo-zélandais pour devenir très américain (peut-être aussi en raison de la tête d’affiche Justin Timberlake, assez fade). Merci Marcorèle
D’accord avec ton analyse, comme souvent. 😀
Soit, ANON ne se hisse pas au niveau de Bienvenue à Gattaca.
Mais le film a des qualités indéniables, de jeu d’acteur et d’image, notamment, qui forcent le respect.
Oui, le scénario n’est pas assez ambitieux, et les nombreuses séquences de transferts de séquences de mémoire visuelle entre les protagonistes figés cassent le rythme de l’action. Mais je crois que c’est le travail du spectateur de remplir ces moments de suspension, pour ajouter le sens qui n’est pas imposé par la narration.
ANON m’a plus laissé l’impression d’un film qu’il me fallait voir deux fois que d’un film dont j’aurais tout tiré en une visualisation et qui se révèlerait incomplet … Je persiste, donc.
Et puis, par les temps qui courent, un film jugé CONVENABLE par Marcorèle, c’est déjà un film qu’il faut se mettre sous la dent sans trop de risque de déception.
Pour le reste, c’est bien l’occasion de se rappeler de revoir encore une fois Bienvenue à Gattaca ou Lord of War !
J’ai noté le retour de la nudité dans le cinoche. Les allemands ont heureusement influencé ANON dans ce sens là, comme celui du verni glacé et bétonné. Au moins, le réalisateur néo-zélandais nous apporte un peu de chaleur humaine par ce biais de la nudité qui désertait désespérément les écrans étasuniens englués dans le puritanisme indécent et hypocrite de leur public.
Cela dit, je regrette moi aussi que la mise en scène ne laisse pas plus souvent les acteurs exprimer des émotions, des coups de gueule et un peu de folie dans ce monde numérique lisse et sous contrôle que nous souhaitons ne jamais voir arriver.
Pas vu celui là, je me le note au cas où ^^