A 9 ans, Alex, garçon sensible, rêve d’être un jour élu Miss France.
Devenu un beau jeune homme androgyne, Alex, qui a perdu ses parents, vivote au milieu d’une communauté de sympathiques laissés-pour-compte. Avec leur aide, il va tenter de transformer son rêve en réalité.
À défaut de déranger, Miss cherche à dégenrer sans, hélas, vraiment parvenir à convaincre ni à trouver son genre : comédie, mélodrame…
La faute à un scénario qui perd de sa force dans sa volonté de livrer un film consensuel, plein de bons sentiments, calibré pour les premières parties de soirée à la télévision. Le tout noyé sous des flots de musiques guimauves anglo-saxonnes.
Pourtant les dialogues sont plutôt percutants et Alexandre Wetter, mannequin pour Jean-Paul Gaultier, a une indéniable présence, épaulé par une galerie de seconds rôles hauts en couleur où dominent les prestations d’Isabelle Nanty et de Thibault de Montalembert, épatant en vieux travesti désabusé.
En préférant la bluette gentillette et les paillettes du politiquement correct, Miss manque de roupettes. Quel dommage, saperlipopette.
Dommage, ça avait l’air bien sympathique vu les seconds rôles et leur justesse dans la bande d’annonce…
Ah oui, les seconds rôles sont parfaits. C’est l’une des principales forces du film avec les dialogues.
J’aimerai bien le voir à l’occasion :).
Mince, je me suis fait avoir en regardant l’affiche : j’ai vu un sacré joli brin de fille, comme on disait dans le temps !
Sur le coup, je me suis dit, comme dans le temps : Mince, je me suis fait avoir.
Mais la réflexion suit, et l’auto-critique aussi : pourquoi restons-nous enfermés dans ces histoires de genres, qui nous imposent de commencer par identifier sexuellement notre vis-à-vis, alors qu’il n’y aucune raison (sauf la nature, et c’est peut-être déjà la réponse …) particulière de le faire, faute de projet sexuel ?
L’erreur d’identification sonne comme une trahison de notre propre jugement, voir de nos certitudes sur notre identité sexuelle : Identifier l’acteur de l’affiche comme une femme signifierait forcément que nous serions susceptible de la/le désirer alors même que nous n’aurions pas de tendance homo …
Penser ainsi révèle que nous restons enfermés dans un shéma classique et sans doute généralement utile. Les homos aussi identifient sexuellement tous leurs vis-à-vis, donc le faire spontanément ne traduit rien de « condamnable ».
Heureusement, nous sentons bien que cette première sensation de s’être fait avoir se mâtine rapidement de surprise sympathique et d’analyse : ce mec en photo est vraiment beau et ses traits ont de toute évidence la finesse que l’ont reconnaît et réserve ordinairement aux femmes. Alors pourquoi nous affliger de nous être trompés en l’aspectant la première fois ?
Nous cherchons ensuite l’homme dans ce visage ou ce corps qui nous a semblé féminin, et nous le trouvons forcément puisque la chose est subtile dans ce cas ou la masculinité n’est pas mise en évidence par penchant virile et même cachée par goût ou par jeu.
Ce préambule posé, je suis satisfait que la question du genre soit manifestement posée avec esthétique et humour dans ce film. Dommage si le parti a été pris de faire pencher la balance vers la romance niaise alors que nous avons encore un peu de travail à faire pour accepter de nous laisser emporter par le rêve d’un homme qui voudrait non seulement être une femme, mais la plus belle femme.
J’ai néanmoins envie d’ajouter, face à ce projet, avec un accent franchouillard et virile a souhait, que c’est bien gentil pour les mecs d’aller jouer sur le terrain de leur féminité, mais que je ne donne aucune chance aux mecs pour gagner un seul jeu dans ce match, ni aucune set ni aucun match (je sais, il faudrait le décliner à l’inverse, mais ça m’est venu comme ça et je déteste me corriger – orgueil mal placé !).
Vive les femmes et vive les mecs qui se sentent femmes !
En tous cas, ça n’a pas l’air de manquer d’humour, selon la bande annonce … trompeuse ?