Début des années 30, l’aimable patron d’un bazar de Toulon sert de receleur à un trio de malfrats travaillant sous ses ordres. Menacé d’être dénoncé, le commerçant tue son maître-chanteur et un innocent est condamné à sa place. De retour 7 ans plus tard, après une évasion, le bagnard est recueilli par celui qui est la cause de tous ses malheurs.
Tourné en 1937 dans des studios allemand et agrémenté de quelques vues de la rade de Toulon pour les extérieurs, L’étrange monsieur Victor n’a pas reçu l’accueil espéré à la veille de la seconde guerre mondiale. Pourtant, derrière ses faux airs de pagnolade ponctuée de réjouissants dialogues, le film de Jean Grémillon se révèle être un authentique film noir, ambigu à souhait, qui permet à Raimu de laisser s’exprimer une nouvelle facette de son talent, plus sombre et équivoque que son aspect bonhomme et sa faconde le laisse penser. Une ambivalence qui touche jusqu’au personnage du cordonnier accusé à tort et dont le comportement, auprès de la femme de son « bienfaiteur », n’est pas ce qu’il y a de plus recommandable. Sans doute afin de montrer que personne n’est jamais vraiment ni tout blanc, ni tout noir.
Alors même si la fin improbable et moralisatrice affaiblit le propos de ce drame en demi-teinte, la qualité de l’interprétation et certaines séquences crépusculaires, que le cinéaste compose en contrepoint de l’atmosphère méditerranéenne, méritent que l’on redécouvre ce film tombé un peu dans l’oubli.
Je connais très mal l’œuvre de Grémillon, cineaste depuis longtemps loué par la critique. Je ne connais guère que son célèbre « Remorque » dont réalisme poétique ne m’avait guère inspiré (ça doit mon côté Houellebecq qui parle 😉). Je ne renonce pas néanmoins à explorer plus avant sa filmo, et cet « étrange Monsieur Victor » pourrait bien me faire changer d’avis (surtout au vu de celui, remarquable, que je lis ici).
Ah oui, tu remontes super loin dans les chroniques du cinéma… 🙂
Je suis pour la pluralité et la diversité cinématographique. 🙂
Il me tente vraiment :).
Bientôt en DVD. 😉
L’ÉTRANGE MONSIEUR VICTOR ne nous rajeunit pas …
C’est un grand bond dans le temps, au temps où le cinéma ne parlait pas pour rien dire … Enfin, c’était avant, quoi …
Décidément, y’en a qui ne savent pas quoi inventer pour passer pour plus profond ! Vous n’étiez pas né en 38, POULAIN, alors arrêtez donc de faire le vieux con !
Raimu est aussi bon dans le tragique que le comique. A voir, même si ça a des airs de voyage vers un pays éloigné, comme aurait dit Racine …
Non mais, tout le monde sait que vous n’étiez pas en 1938, POULAIN, arrêtez donc de vous donner des airs profonds en passant pour un vieux con !
Il est très bon, Raimu, dans le tragique comme dans le comique ! A voir, donc, même si ce film a des airs de voyage vers le passé, ou vers un pays éloigné comme aurait dit Racine …
Dans des cas comme ça, mieux vaut ne rien répondre, je crois …
Mieux vaut aller se regarder un film …