Affiche du film L'étrange monsieur Victor


Début des années 30, l’aimable patron d’un bazar de Toulon sert de receleur à un trio de malfrats travaillant sous ses ordres. Menacé d’être dénoncé, le commerçant tue son maître-chanteur et un innocent est condamné à sa place. De retour 7 ans plus tard, après une évasion, le bagnard est recueilli par celui qui est la cause de tous ses malheurs.

Tourné en 1937 dans des studios allemand et agrémenté de quelques vues de la rade de Toulon pour les extérieurs, L’étrange monsieur Victor n’a pas reçu l’accueil espéré à la veille de la seconde guerre mondiale. Pourtant, derrière ses faux airs de pagnolade ponctuée de réjouissants dialogues, le film de Jean Grémillon se révèle être un authentique film noir, ambigu à souhait, qui permet à Raimu de laisser s’exprimer une nouvelle facette de son talent, plus sombre et équivoque que son aspect bonhomme et sa faconde le laisse penser. Une ambivalence qui touche jusqu’au personnage du cordonnier accusé à tort et dont le comportement, auprès de la femme de son « bienfaiteur », n’est pas ce qu’il y a de plus recommandable. Sans doute afin de montrer que personne n’est jamais vraiment ni tout blanc, ni tout noir.
Alors même si la fin improbable et moralisatrice affaiblit le propos de ce drame en demi-teinte, la qualité de l’interprétation et certaines séquences crépusculaires, que le cinéaste compose en contrepoint de l’atmosphère méditerranéenne, méritent que l’on redécouvre ce film tombé un peu dans l’oubli.