En Italie, en 73 avant Jésus-Christ, la révolte d’un gladiateur provoque le soulèvement de milliers d’esclaves qui vont affronter le pouvoir romain au nom de la liberté.
Sorti dans le sillage de Ben-Hur et de son énorme succès, Spartacus est un film voulu et produit par Kirk Douglas avant d’être un film de Stanley Kubrick (il remplaça au pied levé Anthony Mann à la réalisation) dont on ne retrouve la patte que par intermittence, lors de l’entraînement des gladiateurs ou pendant la grande bataille finale avec le déplacement des troupes romaines en damiers. Des scènes spectaculaires finalement peu nombreuses pour un film de trois heures qui privilégie, avant tout, le message humaniste apporté par son scénariste Dalton Trumbo, victime de chasse aux communistes aux États-Unis et que ce film a contribué à réhabiliter. Un discours de liberté porté par Spartacus, bien sûr, mais aussi par le personnage rusé et malicieux qu’est Gracchus, interprété par l’épatant Charles Laughton.
Alors même si le film n’est pas dénué de longueurs, s’émousse un peu lors des mièvres passages amoureux entre Kirk Douglas et Jean Simmons et que la dernière scène, peu crédible, peine à convaincre, Spartacus n’en reste pas moins une référence dans le domaine du péplum. Porté par un solide casting où brille la présence animale de Kirk Douglas mais aussi la prestation ambiguë de Laurence Olivier, face à un Tony Curtis étrangement discret, le film de Kubrick fait figure de classique du genre.
Grand classique qui fit même l’objet d’un livre complet de souvenirs de la part de l’acteur.
En effet, un classique, un incontournable, un modèle du genre !
Je partage la réserve sur les longueurs en seconde partie, liées à l’amourette inutile sauf pour aspirer le public fleur bleue version très fort et un peu tendre, mais c’est bien la qualité qui domine largement le sentiments émergeant à la vision de SPARTACUS, même à la sixième fois …
… et puis il y a la politique, en effet ! Kirk Douglas n’a jamais été de bois face à la chose politique et SPARTACUS, même un peu caricatural, adresse quelques trop rares messages bien sentis au peuple le plus politiquement endormi du monde … Il dut batailler très ferme contre HOLLYWOOD qui ne regardait déjà que son compte en banque, pour réussir à sortir ce film malgré la chasse aux sorcières communistes ambiante !
Malheureux Kirk DOUGLAS qui se désespéra jusqu’à son trépas, à 104 ans, en février dernier, d’être né sous Woodrow Wilson qui mit fin à l’isolationnisme étasunien pour aller soutenir le vieux monde en guerre ; pour mourir sous le mandat du plus imbécile des présidents que sa patrie n’a jamais supporté …
Pendant la dernière campagne présidentielle, il avait publié une lettre rappelant son parcours de fils de migrants, fuyant l’Europe, les totalitarismes, l’antisémitisme pour rejoindre les Etats-Unis. Et les discours du candidat Trump sur les migrants l’avaient révulsé. «Ce ne sont pas les valeurs pour lesquelles nous avons combattu lors de la Seconde Guerre mondiale, avait-il déploré. Jusqu’à ce jour, je croyais avoir tout vu sous le soleil. Mais je n’avais jamais été témoin de cette stratégie de la peur de la part d’un candidat majeur à la présidentielle américaine de toute ma vie.» Avant d’ajouter : «J’ai toujours été profondément fier d’être un Américain. Pour les jours qui me restent à venir, je prie pour que cela ne change jamais.»
(Le Figaro – Publié le 6 février 2020)