Une année dans un turbulent collège de banlieue de Saint-Denis vu à travers les parcours de Samia, jeune CPE venue d’Ardèche, et de Yanis, adolescent brillant mais au comportement difficile, qu’elle va tenter d’aider à trouver sa voie.
Après l’excellent Patients, c’est peu dire que le nouveau projet de Grand Corps Malade et Mehdi Idir était attendu avec intérêt, surtout sur un sujet aussi sensible que celui de l’enseignement en milieu défavorisé.
Plaisant, La vie scolaire retrouve ce qui faisait le charme du premier film du duo – un casting irréprochable et des dialogues plutôt enlevés – mais est loin d’être irréprochable. La faute à un récit, réduit à une accumulation de saynètes plus ou moins réussies, qui n’échappe pas aux stéréotypes sur la banlieue et le milieu enseignant : avec ses surveillants lourdauds mais sympas, ses élèves débrouillards qui ont la tchatche et l’intolérant professeur de service forcément blanc aux yeux bleus.
La mise en scène, fonctionnelle, lorgne parfois lourdement du côté du clip pour se donner un style (notamment, lors d’une mise en parallèle entre une soirée de collégiens et une soirée de professeurs) et les quelques rebondissements, à base de conduite de scooter sans casque, sont prévisibles à des kilomètres.
Bref, si Patients avait passé l’épreuve du premier film haut la main, La vie scolaire confirme, hélas sans éblouir, l’indéniable potentiel des deux cinéastes qui ne doivent pas relâcher leurs efforts, surtout au niveau du scénario. Peuvent mieux faire !
Honnêtement à part quelques vannes et les personnages des surveillants le film n’est pas si cliché, les profs que je connais qui enseignent dans ce type d’établissements disent que c’est très réaliste ! Et je ne suis pas d’accord sur « le prof intolérant », c’est surtout quelqu’un qui est à bout, et justement Antoine Reinartz incarne cette problématique avec finesse (voir ce que j’en dis à la fin de ma chronique : https://lilylit.wordpress.com/2019/08/27/la-vie-scolaire-madame-la-cpe/).
Je crois pour ma part que si ce type de film est effectivement attendu, il est aussi bienvenu. Les gens aiment bien voir la réalité au cinéma ou à la télé, depuis qu’ils ne la voient plus en vrai …
Il y a inévitablement quelque artifice à filmer et mettre en scène, mais il est essentiel que les concitoyens ne perdent pas le lien avec les vies qu’ils ne connaissent pas du tout.
Et pour ceux dont c’est la vie, on ne peut que se féliciter que de temps à autre, cette vie soit mise à l’honneur, avec ses quelques clichés qui identifient et rassurent.
De l’espoir, c’est ce qu’il faut à ceux qui ont besoin de faire des efforts pour s’élever ou supporter les difficultés, alors tant pis pour les facilités de langage ou les quelques caricatures.
Si nous croyons connaître mieux les quartiers dans lesquels nous n’avons jamais vécu et que rien ne nous incite à aller découvrir, c’est très bien pour tout le monde. Cet exotisme interne à notre société lui fait du bien. Connaître les différence, c’est cesser de les fantasmer ou les redouter, et cela rassemble à un moment où les soit-disant populistes font tout pour diviser le peuple, nous dresser les uns contre les autres par des murs d’ignorance et de méfiance.
GRAND CORPS MALADE et Mehdi IDIR ne sont peut être pas les cinéaste les plus chevronnés ni les sociologues les plus aguerris mais leur démarche mérite le salut de tous, sans émotions débridées mais avec la raison qui manque singulièrement dans la considération que nous pouvons avoir de ceux que nous ne fréquentons pas.
Vive le ciné de banlieue, et tous les ciné d’ailleurs pour qu’ils accèdent au statut de ciné de tous ! Voilà ce que je pense et dis.
Ah ouais, y’a POULAIN qui fait son daron d’la morale ! Non mais y’s croit sur son estrade à MACRON ! Tous ensemble on nait plus fort et tout le bazar, là ! Moi j’ai rien tilté à c’film qu’on nous a obligé de voir au réfectoire. Sauf qu’elle est trop bonne la CPE ! Moi, j’me la fê trankhil ! Aimons-nous les uns les aut’, moi j’suis volontaire !
Et puis, c’est des mecs que j’ai jamais vu dans l’quartier en plus ! C’est où c’quartier, d’abord ? J’connais pas !
Oh, l’aut’, le vent qu’il se prend avec sa coupe de ch’veux ! MDR ! le truc de la grève chez Air France alors qu’il arrive en retard à pied, c’est bien trouvé, ça aussi !
Bon, c’est sûr ça nous change des films sur les centre ville, mais faut bien avouer que ça nous fait pas trop rêver des films sur la banlieue ! C’est quoi l’idée, en fait !?
Mais dit, il est pas malade dans son corps, le grand, là ?
Hein, t’as pas même pigé le jeu d’mots, t’es grave ! Mais dit, c’est Mehdi et Malade c’est le nom de l’autre qu’a fait le film … C’es pas drôle ? J’suis un poète, moi !
Ouais, ben, allez voir le film quand-même, on sait jamais, ça pourrait rapporter des tunes à la banlieue, vu qu’y’en a grave besoin ici : c’est pas notre spécialité, le pognon, ici, on en dépense plus qu’on en gagne ! Ouais, ziva voir le film, quoi …
Et pis, m’cherche-pas, POULAIN, à t’foutre de ma manière d’parler ou des fôtes, bouffon ! Et garde ta morale et tes paraboles de centre ville, t’es moins de Géo va !
Je vais me réserver pour Patients :).
Ah oui, tu ne l’as toujours pas vu ?