Affiche du film Un peuple et son Roi
1789, la Bastille tombe donnant une lueur d’espoir aux hommes et aux femmes du peuple (essentiellement parisiens) ainsi qu’aux notables qui se retrouvent pour échanger leurs idées au sein de la récente Assemblée nationale. Ils décideront de l’avenir du Roi et poseront les bases de la République.
Quel pensum nous assène là Pierre Schoeller avec Un peuple et son Roi !
Loin d’être révolutionnaire, son film – qui tente de mêler grande et petite histoire – nous perd dans une série de saynètes montées sans queue ni têtes qui laissent un sentiment d’inachevé. Voire même de ridicule comme dans cette séquence cauchemardesque (dans tous les sens du terme !) où Louis XVI est confronté à ses ancêtres dans une mise en scène digne d’un théâtre de seconde zone.
Le manque de moyen n’arrange rien et la reconstitution du 18ème siècle manque cruellement d’ampleur. Hormis quelques scènes tournées à Versailles et dans une Assemblée nationale reconstituée, c’est à des cadrages en plans serrés (sur des seuils de portes, des coins de tables à la veillée et des rues pavées vaguement numérisés) auxquels on assiste. L’affrontement confus entre révolutionnaires et gardes du Roi dans un bout d’escalier prend même des airs de déculottée artistique…
Certes, le propos n’est pas là. Mais, tout de même, où Schoeller avait-il donc la tête en réalisant ce film ? Quel était son propos ? Montrer que le peuple et les femmes se sont fait voler leur révolte par la bourgeoisie ? Pourquoi pas ?
Mais alors pourquoi ne pas être plus direct au lieu de nous infliger des intrigues annexes autour de personnages fictifs sans relief sur des airs de chants révolutionnaires convenus car trop entendus.
Et que dire des joutes oratoires au cœur de l’Assemblée ? Véridique dans le propos mais tellement mal menées que l’on s’y perd, à moins d’être titulaire d’un doctorat sur la Révolution française.
Le réalisateur ne peut même pas compter sur sa troupe d’acteurs qui mérite plus le bonnet d’âne que le bonnet phrygien, notamment pour sa façon d’articuler son texte. Entre une Adèle Haenel aux yeux écarquillés pour se donner un air inspiré, un Gaspard Ulliel hagard, un Olivier Gourmet et une Noémie Lvovsky peu concernés, Un peuple et son Roi ne sait plus à quel être suprême se vouer.
En tous cas, pas à Louis Garrel improbable Robespierre, ni à Niels Schneider bien falot Saint-Ju(st).
Quant à Laurent Lafitte… Ils font bien de lui couper la tête pour sa royale interprétation de Louis façon Droopy. Seule Denis Lavant est dans le bain et parvient à rendre justice à son personnage de Marat.
Pour saisir les enjeux de cet important moment de l’Histoire de France, mieux vaut revoir les films de Robert Enrico et Richard T. Heffron : La révolution française : Les années lumières et La révolution française : Les années terribles qui, sous leur approche très pédagogique, ont au moins le mérite de rendre cette période tumultueuse beaucoup plus lumineuse. Ce qui au vu de ce Peuple et son Roi n’est pas un mince exploit.