Affiche du film Sans un bruit
Alors que l’humanité a été décimée par des monstres aveugles mais indestructibles, dotés d’une ouïe très, très, très, très, très, très, très sensible qui leur permet de fondre sur leur proie au moindre bruit, des parents dysfonctionnelles dont les gamins gaffeurs sont de vraies têtes à claques décident de mettre au monde un bébé pour faire le deuil (du moins l’imagine-t-on, puisque le scénario évite soigneusement le sujet grâce à une ellipse bien commode) d’un enfant qui n’écoutait rien, que ce soit en chuchotant ou en langue des signes.
Comment croire que, dans un monde où le moindre ronflement signe votre arrêt de mort, des parents soient assez crétins pour décider de se reproduire sans penser que les cris de la mère et du petit, lors de l’accouchement, risquent de mettre en péril toute leur famille ?
C’est de la grosse finesse qui nous est ici proposée, associée à une mise en scène chaussée de sabots où chaque effet est surligné par une explosion de la bande-son et des effets musicaux stridents qui agressent les tympans. Comme si le cinéaste craignait que le silence qu’il impose à ses comédiens fasse somnoler son public.
Scénariste, réalisateur et acteur, John Krasinski reste sourd à la dimension psychologique de son sujet pour privilégier l’émotion facile et la peur factice. Sursauter plutôt que frissonner.
« Les vrais miracles font peu de bruit » disait Saint-Exupéry. Sans un bruit n’en est clairement pas un.