Affiche du film Le crime de l'Orient-Express
Informations voyageurs.
Kenneth Branagh et le personnel de bord sont visiblement heureux de vous recevoir dans ce nouveau périple à bord de l’Orient-Express.
Pour ne pas troubler la tranquillité de ses plus anciens voyageurs, le chef de bord a pris soin de respecter la tradition du précédent voyage, orchestré par Sidney Lumet en 1974, en recrutant un personnel de bord hautement qualifié, allant de Judi Dench à Penelope Cruz en passant par Johnny Depp. Afin d’aérer le circuit balisé par Agatha Christie et d’attirer une clientèle plus jeune, il a également pris soin de commencer son film par une distrayante, et inédite, excursion au soleil, tout en rajoutant quelques scènes d’action qui tente de donner, artificiellement, de la vigueur à un périple sans surprise. Surtout si l’on connaît déjà la surprenante embardée menant à la destination finale.
Si ce nouveau voyage cherche à ne pas trop sentir la naphtaline en ouvrant grand les fenêtres sur de jolis paysages numériques et que l’interprétation de Branagh donne incontestablement une nouvelle jeunesse – et de bien jolies bacchantes – au personnage d’Hercule Poirot, il ne parvient pas à résoudre les insolubles problèmes cinématographiques posés par ce meurtre en milieu confiné qui risque à tout moment de transformer ce luxueux train de stars en simples wagons-couchettes pour spectateurs assoupis.
Le chef de bord qui connaît les ornières du genre a beau multiplier les prises de vue alambiquées (dont l’une vue du plafond) pour faire passer les incessants bavardages qui émaillent le trajet, tout paraît bien factice. Et c’est avec une légère somnolence que l’on se laisse porter jusqu’au dénouement final pour lequel le cinéaste compose une cène assez ridicule. Heureusement que celui-ci, couplé à l’accent français croquignolet de Branagh, ne tue pas et que le fin mot de l’histoire tient toujours ses promesses.
Pas de quoi, cependant, donner envie de suivre les hypothétiques prochaines aventures de Poirot sous le soleil du Nil. C’est connu, trop de chaleur engourdit autant qu’un excès de fraîcheur.