En visite touristique à Tolède, Lisa est troublée par ancienne fresque murale représentant le diable. Plus tard, dans une étrange boutique d’antiquités, elle croise un homme ressemblant au démon. Mal à l’aise, elle se sauve et se perd dans des ruelles qui semblent avoir été désertées par leurs habitants.
A la nuit tombée, un couple de riches et leur chauffeur acceptent de la prendre en stop. Mais la voiture tombe en panne juste devant un inquiétant domaine.
Lisa et le diable (rebaptisé La maison de l’exorcisme dans un nouveau montage qui se voulait plus commercial mais que n’a pas reconnu le cinéaste) est l’un des derniers films de Mario Bava. Un film en forme d’adieu à un genre, l’épouvante gothique, qui l’a fait connaître dès son premier film : Le masque du démon.
Comme dans Opération peur, il est question de revenants et d’errance dans une vaste demeure abritant un dédale de couloirs et de pièces désertes.
La perte des repères, un thème récurrent chez Mario Bava et annonciateur des prémices de la peur chez ses personnages. Lisa ne fait pas exception à la règle, la jeune femme commençant par s’égarer dans une ville qu’elle ne reconnaît plus avant d’échouer dans une propriété labyrinthique.
Tout comme la boutique d’antiquités, le choix des décors lugubres, des cadrages étranges, du montage et de la bande son – où les ricanements se mêlent au bruit du vent – contribuent au passage de l’héroïne dans un angoissant univers parallèle où le temps semble s’être figé. Une variation funèbre d’Alice au pays des merveilles qui a, peut-être, inspiré à Claude Chabrol l’un de ses films les plus étranges : Alice ou la dernière fugue sorti en 1977.
Par sa maîtrise des panoramiques, des travellings et des zooms agressifs, l’ancien directeur de la photo qu’est Mario Bava élabore un surprenant poème macabre, un songe teinté d’érotisme et de nécrophilie.
Du cinéma baroque qui s’accommode mal des années 70 et des « Chabadabada » musicaux en vogue à l’époque. Rapidement, le spectateur se perd en conjectures sur le sens à donner à cette intrigue et s’agace du cabotinage de certains des comédiens, dont un Telly Savalas en roue libre qui étrennait ici les fameuses sucettes de Kojak.
Mais peut-être n’y a-t-il rien à comprendre et qu’il ne faut voir en Lisa et le diable qu’une métaphore de la carrière finissante de Bava. Lui qui – comme Leandro, le maître d’hôtel interprété par Telly Savalas – s’est efforcé, au travers de ses films, de donner vie à des pantins plus ou moins bons. Des mannequins déjà présents dans Six femmes pour l’assassin, film qui avait contribué à faire de lui l’un des maîtres du Giallo.
C’est dire qu’en dépit de ses imperfections, les aventures de Lisa au pays de l’effroi n’en reste pas moins une œuvre troublante, aussi séduisante (Elke Sommer et Sylva Koscina sont superbes) que mortifère.
À voir pour cette belle ambiance gothique au charme suranné. Malheureusement la tension initialement créée par la fuite dans Tolède désertée s’évapore un peu dans l’errance des châtelains et du scénario ; ça part un peu… en sucette.
Tu as trouvé ce film dans une vieille malle au grenier ? Avec toi rien d’impossible, il lui arrive de repasser sur une chaîne ? Car ça pique ma curiosité.
Le film est passé en octobre sur Arte et il est resté un mois en replay.
Je n’ai pas encore vu le film, diffusé récemment sur Arte (un mois en replay en plus). Par contre il existe deux montages du film. Ils sont d’ailleurs proposés sur le blu-ray/dvd anglais de Arrow (nombreux bonus, livret) sous les noms : ‘Lisa and the devil’ et ‘The house of exorcism’ (montage producteur). A voir prochainement.
Oui, je parle des deux versions dans ma critique.
J’aimerais vraiment voir ce film. Un film pas simple à suivre, qui nous fascinera et nous déroutera à la fois, si j’ai bien tout compris.
Merci à Marcorèle d’aller exhumer parfois ces films oubliés sur lesquels n’est pas tombée l’onction de la critique parisienne et qui valent pourtant le détour.
L’onction a du tomber, mais il y a bien des années. 🙂
Peut-être. Il manque maintenant la bénédiction des comités de programmation des télévisions. Sinon, on passe à l’extrême onction !
1973 ! J’étais pas né, moi ! Ca existait déjà le cinéma en couleur ? C’est le choc pétrolier, 1973, c’est ça, hein, j’ai bon ?
1973, c’est Dalida, Moustaki, aussi, et Sardou ! Ils ont disparu, ces gens là, non ?
Et puis, Picasso a cassé sa pipe cette année là, comme Fernand Raynaud avec sa tête à vendre des lacets !
Et surtout, le tournoi des nations a fini avec l’égalité de toutes les équipes ! MDR !
Quelle drôle d’année ! Brando qui refusait l’Oscar du Parrain, la guerre du Vietnam qui se finissait enfin et Fereri qui mettait le feu à Cannes avec la Grande Bouffe ! Quel bordel !
Pinochet fermait la liberté chilienne, Peron remettait ça, et la Grèce changeait de dictature militaire, pendant que les égyptiens étaient tout fiers de surprendre leurs voisins d’Israel pendant Yom Kipour …
Avec tout ça, on peut comprendre qu’il était bon de se changer les idées en allant au cinéma voir LISA ET LE DIABLE !
Merci de cette mise en perspective, Monsieur Gudule ! 🙂
You’re welcome, jeune homme !
J’ai beaucoup entendu parler de ce film et j’aimerai beaucoup le voir.
Bisous à toi et à plus sur nos blogs respectifs!
Bien que ce soit un vieux film, il éveille en moi de la curiosité. J’aimerais bien le visionner un jour. Cet ancien univers gothique m’intéresse beaucoup. J’espère que je serai fasciné !
Le hasard (le diable ?) me fait échouer dans les bras de cette Lisa qui m’avait également étrangement captivée. Certes les couleurs son moins flamboyantes qu’au temps des « Six femmes pour l’assassin » mais le goûts de Bava pour les mannequins (inertes ou vivants) et les demeures décadentes ne se dément pas.
Très bel article dont le propos rejoint le mien.
Merci princecranoir, je vais aller lire le tien de ce pas. 🙂