Affiche du film L'appartement des filles
Un charmant trafiquant est chargé de séduire des hôtesses de l’air afin qu’elles acceptent de faire passer de l’or à Bombay. Son choix se porte sur la belle Elena, une jeune femme frivole qui partage un grand appartement avec deux autres ravissantes hôtesses : Lolotte et Mélanie.
Mais c’est sans compter sur les jeux de l’amour et du hasard…
D’un film de commande proposé par Mylène Demongeot, avec qui ils venaient de tourner A cause, à cause d’une femme, Michel Deville et Nina Companeez composent une comédie policière qui, bien que mineure, surprend par sa fantaisie et cela dès la première séquence où, dans un hall d’aéroport, le générique est annoncé au micro par la voix suave d’une hôtesse d’accueil.
Plus qu’au polar, cet exercice de style frivole et léger rend hommage aux comédies américaines dont Michel Deville retrouve ici la vivacité des dialogues sans pour autant délaisser ce ton si particulier qui est le sien.
Les jeunes femmes délurées et gentiment manipulatrices sont une nouvelle fois mises en valeur, tandis que le goût du cinéaste pour le théâtre se retrouve dans la première partie du film qui se déroule presque exclusivement dans l’appartement, grande pièce unique où les chambres des filles sont séparées par trois grands rideaux. Des alcôves où elles s’amusent à recevoir, à comploter et à mettre leur vie en scène en attendant que leurs amants les rejoignent par un balcon aux allures de coulisse.

Photo des trois filles
Loin d’être bridé par cet espace clos, Deville en joue pour mieux s’en affranchir grâce à une mise en scène fluide, des déplacements d’acteurs parfaitement chorégraphiés, une musique qui fait des va-et-vient de la fosse à l’écran et un montage rythmé qui enchaîne raccords dans le mouvement et répliques à cheval sur deux scènes. Une ébauche de ce que sera son style cinématographique dans les films suivants.
Bizarrement, c’est lorsque le cinéaste quitte L’appartement des filles que le film patine et que l’artificialité du scénario se fait ressentir. La balade romantique et la course poursuite qui clôturent le film traînent en longueur et peinent à enthousiasmer. Deville a beau tenter – pour la première fois – de donner des couleurs à ses images dans le dernier plan, rien n’y fait, son polar enjoué retombe comme un soufflé. Heureusement, son talent pour diriger ses actrices et les mettre en valeur reste intact : Mylène Demongeot, Sylva Koscina, Renate Ewert sont parfaites.

Photo Sami Frey et les trois filles