Affiche du film Les aventures de Rabbi JAcob
Victor Pivert, un industriel colérique, raciste – mais catholique ! – se trouve contraint de faire équipe avec un dissident politique d’un pays arabe recherché par des tueurs. Pour leur échapper, les deux fuyards se déguisent en rabbins…
Dernier film de Gérard Oury avec son acteur fétiche Louis de Funès, Les aventures de Rabbi Jacob marque l’apogée de leur collaboration et permet au duo de confronter leur art de la comédie à un sujet politique sensible.
Un film dont le scénario exploite avec finesse la force principale de Louis de Funès qui avait su, au fil des années, rendre sympathique son personnage d’odieux râleur.
Pour fustiger le racisme ordinaire, Gérard Oury et sa scénariste, Danièle Thompson, n’hésitent pas à lui faire tenir des propos xénophobes que l’acteur enrobe de grimaces et de pitreries pour mieux faire passer la caricature. Jamais le jeu du comédien n’aura été aussi survolté, jamais il n’aura donné autant de sa personne : qu’il tombe à répétition dans une cuve de chewing-gum vert pomme ou qu’il danse sans faiblir au milieu d’un groupe de danseurs folkloriques.
Photo de Louis de Funès couvert de chewing-gum
Deux scènes d’anthologie où explose son génie comique et qui expliquent sans doute la crise cardiaque qui allait le frapper quelques temps plus tard, mettant provisoirement un terme à sa carrière.
De son côté, Gérard Oury à l’intelligence de ne pas se reposer sur les performances de son acteur vedette et utilise toutes les ressources d’un scénario malin doté de plusieurs niveaux de lecture (où même les invraisemblances passent comme des lettres à la poste) et d’un casting impeccable (d’Henri Guybet à Suzy Delair en passant par Marcel Dalio) pour délivrer son message fraternel.
Comme dans La grande vadrouille ou Le corniaud, on retrouve le goût du cinéaste pour les courses poursuites, les jeux de mots incongrus : « Ca alors ! C’était Farès ? C’est effarant ! », ou les voitures qui partent en morceaux.
Mais ce sont surtout le tempo de sa mise en scène et son comique de précision qui font la différence et emballent le tout, portés par la pétillante partition de Vladimir Cosma.
Ce film, qui étonne encore par son culot, pourrait-il être tourné aujourd’hui ?
Rien n’est moins sûr, tant nombre de comédies oscillent entre humour consensuel et méchancetés gratuites en oubliant l’essentiel : la générosité. C’est elle la qualité principale des Aventures de Rabbi Jacob et ce qui en fait tout le prix.