Affiche du film Les disparus de Saint-Agil
Au collège de Saint-Agil, à la veille de la seconde guerre mondiale, trois pensionnaires ont créé la société secrète des Chiche-Capon.
Se réunissant la nuit dans la salle des sciences naturelles, Beaume, Sorgue et Macroy ont pour projet de s’enfuir vers l’Amérique.
Un soir, Sorgue, resté seul après une de leur réunion, voit un inquiétant personnage surgir d’un des murs de la classe avant de se volatiliser.
Le lendemain, le jeune garçon disparaît. Bientôt suivit par Macroy.
Beaume décide de mener l’enquête pour retrouver ses copains.
La jeunesse et son goût pour l’aventure et les mystères, voilà ce qu’a parfaitement su restituer Christian-Jaque avec Les disparus de Saint-Agil qui offre au cinéma français un de ses premiers classiques sur l’enfance.
Le récit se déroulant principalement de nuit, le cinéaste soigne tout particulièrement ses ambiances en jouant sur les clairs-obscurs et les jeux de lumières chers à l’expressionnisme allemand. Une atmosphère angoissante habilement contrebalancée par l’extravagance du récit et les dialogues savoureux de Jacques Prévert mais une fantaisie que Christian-Jaque tempère en annonçant les drames à venir.
La guerre, tout d’abord, que l’un des professeurs prédit à plusieurs reprises, à la façon d’un oiseau de mauvais augure. Et la peur de l’étranger, symbolisé ici par l’énigmatique professeur d’anglais, qu’incarne avec malice l’imposant Erich Von Stroheim.
Heureusement, c’est surtout le message de solidarité qui s’impose, prenant tout son sens à la veille de la seconde guerre mondiale. Une camaraderie capable de venir à bout de l’adversité, filmée par un cinéaste qui a encore la naïveté d’espérer que les méchants ne feront aucun mal aux enfants…
Les enfants justement, tous parfaits du premier au plus petit rôle, sont la principale force de cette œuvre intemporelle. Tandis que, face à eux, Michel Simon compose un drôle de personnage, grinçant et pathétique. Sa partie de loto ivre, où il répète : « C’est moi qui l’ai ! » à Robert Le Vigan, fait d’ailleurs partie des grands moments de ces Disparus de Saint-Agil.
Ainsi que le début du film, avec sa musique et son générique déroulant, qui semble avoir inspiré John Williams et George Lucas pour La guerre des étoiles.
Preuve, s’il en était besoin, que Les disparus de Saint-Agil devrait être montré à tous les cinéastes désirant faire un film d’aventure, surtout s’ils le destinent aux enfants.
Photo d'Erich Von Stroheim dans Les disparus de Saint-AgilIl permettrait peut-être d’éviter la réalisation de navets grossiers prenant les jeunes spectateurs pour des « boloss » comme ce fut récemment le cas avec le désolant Grimoire d’Arkandias.
Alors, messieurs les cinéastes : Chiche… Capon ?