1991. Franck Magne, jeune inspecteur nouvellement promu à la police judicaire, parvient à faire le lien entre plusieurs assassinats non résolus de jeunes femmes sur Paris.
Durant 7 années, lui et ses collègues de la brigade criminelle vont tout mettre en œuvre pour traquer et mettre fin aux agissements de ce qu’ils croient être un tueur en série, au gré d’une enquête complexe qui se heurte aux lenteurs bureaucratiques et aux guerres entre services de police.
Cette affaire, c’est celle de Guy Georges surnommé : « le tueur de l’est parisien ».
Dans la mouvance de La prochaine fois je viserai le cœur ou de La French, L’affaire SK1 relance la veine du polar français inspiré de faits judiciaires réels.
La principale force du film de Frédéric Tellier réside dans la volonté – quasi documentaire – de suivre cette longue enquête du point de vue d’un groupe de policiers et de s’attacher à leur détermination et à leur lente avancée dans leurs recherches. Un travail minutieux et éprouvant qui tourne parfois à l’obsession et prend le pas sur leur vie personnelle.
Même si on est plus proche d’un téléfilm de luxe que du Zodiaque de David Fincher pour ce qui est de la mise en scène, le cinéaste a néanmoins su s’entourer d’une excellente distribution où dominent les prestations d’Olivier Gourmet, impeccable en mentor et flic tourmenté, et d’Adama Niane, glaçant dans le rôle de Guy Georges.
Dommage que la partie judiciaire, qui s’entremêle à l’investigation, ne soit pas aussi intéressante que le traitement de l’affaire et manque singulièrement de tension, malgré la présence convaincante de Nathalie Baye dans le rôle de l’avocate de la défense. Comme si ces scènes de prétoire morcelées servaient surtout à rythmer un film qui a du mal à gérer la durée exceptionnelle de son enquête.
Car, en deux heures, Frédéric Tellier peine à nous faire sentir le temps qui passe, si ce n’est par les ridicules changements de visage de Raphaël Personnaz, qui passe de glabre à barbu d’une scène à l’autre, et par les remplacements, hélas inexpliqués, de certains équipiers de Franck Magne au fil des ans. Une faiblesse qui nuit aussi aux quelques scènes intimistes entre Franck Magne et sa femme. L’obsession du personnage principal pour son enquête semble un peu trop rapide et les dissensions qu’elle provoque dans le couple (évoquées en filigrane) un peu trop téléphonées pour qu’on s’y attache ou que l’on soit véritablement touché.
En cherchant à aborder de front l’enquête, le jugement et la vie privée des protagonistes, le film perd de sa force et finit par s’essouffler.
L’affaire SK1 n’en reste pas moins une intéressante immersion au cœur d’une époque où la police n’avait pas encore à sa disposition tous les progrès de la science notamment en matière d’ADN et où l’ordinateur était encore une denrée rare.
La préhistoire ? Non, c’était il y un peu plus de 20 ans.
Sans doute un bon film, mais j’ai eu ma dose de violence pour la semaine …