Affiche du film Whiplash
Un jeune batteur de jazz ambitieux suit les cours d’un conservatoire réputé de Manhattan. Remarqué par le célèbre chef d’orchestre Terence Fletcher, il va devoir affronter les méthodes violentes et humiliantes de son professeur qui n’a qu’une idée en tête : faire éclore chez l’un de ses élèves le don qui fera de lui un artiste d’exception. La confrontation entre les deux hommes va aller crescendo dans un concert de sueurs, de cris, de sang, de larmes et de musique.
Un film sur la musique aux allures de polar noir (les vues nocturnes de Manhattan sont superbes) qui emprunte autant au film de guerre (avec son impitoyable professeur/instructeur menant ses élèves à la baguette) qu’au western (avec le duel qui va opposer le maître à sa jeune recrue), voilà qui a de quoi surprendre.
Et pourtant, c’est sans fausse note ou dissonance que Damien Chazelle trouve l’accord parfait entre ces différents genres tout en donnant à son film un remarquable tempo grâce à un montage d’une redoutable maîtrise qui sait se mettre au diapason de la musique.
Sur une trame à priori assez simple, le cinéaste joue de toute une gamme de sentiments, rendant ses deux personnages de plus en plus ambigus à mesure que se déroule sa remarquable partition filmique. Rien n’est tout noir, ni tout blanc. Tout est dans l’art de la nuance et, dans leur solo, Miles Teller et J.K. Simmons se complètent parfaitement. Le tyran a finalement peut-être des sentiments tandis que le jeune musicien sait se montrer aussi odieux que son maître avec ses camarades de classe. Quant au rapport sado masochiste qui lie le professeur à ses élèves, il est plutôt bien vu.Affiche américaine du film Whiplash
Virtuose de bout en bout, Whiplash est aussi un hymne à l’effort et au travail dans une société du spectacle qui aimerait – via ses grandes messes télévisuelles – nous faire croire au caractère inné du talent.
Ici pas de plans convenus sur les visages des spectateurs ravis, seule compte la performance des musiciens que le réalisateur filme au plus près, avec une sidérante acuité.
Reste à espérer que cette envolée musicale et cinématographique donne le La à la carrière d’un jeune cinéaste qui s’annonce vraiment prometteur.