Affiche du film Une nouvelle chance
Pas de bol ! Parce que sa vue baisse, un vieux recruteur de joueurs de baseball risque de perdre sa place auprès du club qui l’emploie.
Sa fille, une jeune avocate aux dents longues forcément en mal d’affection, vient lui prêter main forte pour ce qui semble être sa dernière saison.
Il en va de Clint Eastwood comme de Woody Allen.
A chacune de leurs apparitions sur grand écran certains journalistes perdent tout sens critique et cultivent dans leurs articles le goût du poncif.
Depuis bientôt vingt ans, le terme qui revient le plus souvent, quand on parle des films d’Eastwood, est celui de « sépulcral ». Certains évoquant « l’humeur crépusculaire » de Clint dans Une nouvelle chance, là où il n’y a, en fait, que de l’aigreur réactionnaire.
Certains critiques voient « affleurer à chaque plan l’humanisme du géant », là où il n’y a qu’un nombrilisme condescendant.
D’autres qualifient de « mythique » la scène d’ouverture où Clint tente courageusement de pisser, alors qu’il n’y a là qu’un type qui parle à son sexe en serrant les mâchoires. Un sexe qu’il s’empresse de vanner à peine la dernière goutte secouée.
Et puis quand certains y discernent le thème « éminemment eastwoodien du héros vieillissant en proie à ses faiblesses », d’autres y décèlent un film sur « la filiation : grand souci du cinéma eastwoodien ». Faudrait savoir, les gars !
Gran Torino annonçait, soi-disant, la retraite du Clint Eastwood acteur et le voilà qui nous revient dans une bluette sportive avec en toile de fond les affres de la vieillesse. On voit donc l’immense Clint se secouer péniblement la nouille avant d’aller castagner sa table basse, puis se ruer sur son frigo pour manger de la viande en boîte « SPAM » qu’il peine à mastiquer, rapport à son dentier.
Plus tard, le géant des bougons s’en prendra à une chaise qu’il traitera de « fils de pute » avant de s’attaquer à un joueur de billard qui manie la queue un peu trop près de sa fille.
Faut dire que le père Clint a de quoi être énervé. Devoir jouer face aux insipides Amy Adams et Justin Timberlake après avoir côtoyé Meryl Streep, Lee Marvin, Richard Burton ou… Charlie Sheen.
Blague crépusculaire à part, il serait dommage que ce grand du cinéma nous quitte sur cette dernière réplique : « Je crois que je vais aller prendre le bus. ».
Allez Clint, « Make my day », comme disait l’inspecteur Callahan.
Nul doute que si vous persévérez encore un peu, vous pourrez clore en beauté votre carrière d’acteur par un sentencieux : « Je crois que je vais aller prendre le déambulateur ! ».