Lorsqu’un appel téléphonique lui annonce qu’il a gagné un repas en compagnie d’Eddie Merckx, son idole, Michel Ressac voit l’opportunité de renouer avec sa famille tout en leur prouvant qu’il n’a rien de l’éternel perdant qui vit de la vente de camelotes sur les marchés de petites bourgades belge. Le problème, c’est que Michel vit seul et que pour décrocher le gros lot, il doit se présenter dans un magasin de meubles avec femme et enfants.
Qu’à cela ne tienne, il va se fabriquer une famille !
Avec son cinémascope et ses paysages insolites, de la campagne wallonne en hiver aux rivages ensoleillées du Finistère en passant par les aires d’autoroutes, c’est à un drôle de voyage, sensible et plein d’humour, que nous convie Matthieu Donck. Car plus qu’une comédie familiale, Torpédo est un film sur la famille.
Bien sûr, les situations comiques ne manquent pas et les dialogues, très enlevés, font mouches portés par le charisme de François Damiens, le jeu pétillant d’Audrey Dana et l’excellence de l’ensemble de la distribution : Christian Charmetant et le jeune Cédric Constantin sont tous les deux épatants. Mais derrière les pitreries et les excès des personnages se dessinent, en creux, la fêlure de gens modestes qui n’ont pas su, ou pu, trouver leur place au sein de leur famille et dans la société. Si Michel Ressac se démène autant, c’est plus pour retrouver l’estime et la complicité d’un père que pour l’improbable lot qu’il est censé avoir gagné. Christine en couple avec un abruti et Kevin placé dans une famille d’accueil ne sont pas mieux lotis et sont aussi en quête de lendemains meilleurs.
Nulle moquerie dans le regard que porte le réalisateur sur ces gens, juste une empathie communicative qui permet au périple un peu dingue improvisé par Michel de se transformer en un voyage initiatique où tout devient possible, même le bonheur…
D’un charme doux amer, Torpédo est un premier film drôle et attachant qui, malgré quelques baisses de régime, ne dépare pas dans la longue liste des comédies satiriques belges réussies.