Les États-uniens aiment bien se faire peur au cinéma. S’ils ne se décrivent pas comme héros du monde libre, ils aiment se donner des frissons en imaginant leur pays en proie à la guerre. Soit face aux Soviétiques de L’Aube rouge de John Milius ou, comme ici, en pleine guerre civile.
Sans doute inspiré par l’assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump, Alex Garland imagine une improbable coalition entre le Texas et la Californie contre les forces du gouvernement en place et, pour ne fâcher personne, laisse les motivations des uns et des autres dans le flou le plus total. Car plus qu’à un film de guerre, le cinéaste entend nous proposer une réflexion sur le métier de journaliste reporter d’images en tentant de nous montrer la fine ligne sur laquelle se tient une photo de guerre, entre dénonciation critique et quête de sensationnalisme. Si l’idée de départ est bonne, la façon de la traiter est plutôt cavalière avec ses musiques décalées qui viennent systématiquement briser l’aspect documentaire recherché et cette improbable virée journalistique où on ne sait jamais à qui nos quatre reporters ont affaire. La pause dans un camp de réfugiés laisse également songeur avec sa distribution de plateaux repas proprets tout droit sortis d’un self service.
Le récit linéaire semble multiplier moments de tension et explosions de violence pour mieux masquer le vide intersidéral de son propos. Tout est joué d’avance et l’on devine dès le début du film le destin des quatre protagonistes. On regrette jusque que le cinéaste n’ait pas pensé à filer des beignes à sa jeune journaliste en herbe tellement elle finit par agacer en multipliant les actes inconsidérés sans jamais en tirer de leçons.
Si vous recherchez un film de guerre un peu décérébré qui tente de se faire passer pour un film intelligent, Civil War est fait pour vous. Quant à ceux qui préfèrent une vraie réflexion sur le métier de reporters photographes, mieux vaut revoir Under Fire de Roger Spottiswoode et surtout Salvador d’Oliver Stone. Eux, au moins, avaient su prendre leur sujet à bras le corps sans chercher l’épate et le spectaculaire à tout prix.