Policier consciencieux et cynique, Lloyd Hopkins laisse le travail prendre le pas sur sa vie privée. Quand il découvre le corps d’une jeune femme sauvagement assassinée dans un luxueux appartement d’Hollywood, il demande à être chargé de l’enquête. Une lettre envoyée par l’assassin laisse supposer que ce meurtre n’est que le dernier d’une longue série remontant à une quinzaine d’années…

Réalisé par l’un des premiers producteurs de Stanley Kubrick, cette adaptation de Lune sanglante (premier roman de la trilogie Lloyd Hopkins de James Ellroy) est une réussite même si elle prend de nombreuses libertés avec le matériel d’origine. En se concentrant sur la personnalité cynique et désabusé de l’enquêteur, James B. Harris compose un polar sombre et désenchanté sur la perte de l’innocence vue à travers les yeux d’un flic ambigu (sauveur de femmes en détresse mais aussi grand consommateur de jolies filles) dont les méthodes expéditives se rapprochent de celles utilisées par les criminels qu’il traque.
La mise en scène, sobre et immersive, s’attache aux pas du policier et transforme habilement le spectateur en coéquipier voyeur face aux macabres scènes de crimes. Parvenant à créer une tension de tous les instants, le cinéaste évite soigneusement de jouer dans la surenchère pour mieux mettre en valeur son principal atout : James Woods. Coproducteur du film, cet acteur charismatique (révélé au grand public par Vidéodrome de David Cronenberg et, surtout, Il était une fois en Amérique de Sergio Leone) trouve là un nouveau rôle bien trouble et compose, avec maestria, un antihéros aussi séduisant qu’inquiétant. Il est la principale raison d’être d’un film parfaitement maîtrisé dont la violence sèche culmine dans un surprenant final, aussi brutal qu’expéditif.