Los Angeles, 1973. Un adolescent boutonneux de 15 ans, dont la coiffure évoque un croisement hasardeux entre un Beach Boys et un lévrier afghan, croise une jeune femme de 25 ans dont il tombe très vite amoureux. Et puis… Rien.

À part du vent, cette pizza à la réglisse sans saveur n’offre pas grand-chose à se mettre sous la dent. Paul Thomas Anderson (PTA, pour les intimes des journaux spécialisés et des réseaux sociaux…) déroule sa chronique d’un amour adoleschiant qui, après un début prometteur, tire rapidement à la ligne dans une succession de saynètes où l’improbable le dispute au sans intérêt. Qui peut croire un seul instant à cette suite d’événements factices : de jeune comédien, Gary l’adolescent devient (par la magie du cinéma) chef d’entreprise (Comment ?), avant d’être arrêté à tort (Pourquoi ?), de faire faillite, de s’improviser cinéaste (Ah bon ?) pour la campagne d’un politicien et finalement de faire tilt en créant une salle dédiée aux flippers.
On ne croit guère plus à cette romance à peine attachante qui surfe sur l’éternel « je t’aime, moi non plus », ni sur les rencontres improbables (Sean Penn et Bradley Cooper en roue libre) des deux tourtereaux, ni à ce camion dévalant en marche arrière les hauteurs de Los Angeles, ni à ce navrant final au goût de déjà-vu.
Un film qui devrait, néanmoins, ravir les adulescents à qui il semble destiné, les nostalgiques qui ont idéalisé les années 70 et les musiques de cette époque, ainsi que les indécrottables fans pour qui chaque film du « Maître PTA» est une date à marquer d’une olive noire dans l’histoire du cinéma.
Drôle d’époque où l’on s’extasie devant un film ordinaire sans idées ni idéaux et où l’on célèbre une anodine histoire d’amour simplement parce qu’elle est agrémentée d’une belle photographie et d’une bande originale qui flatte l’oreille.
Bref, ce n’est pas tant la réglisse qui écœure dans cette pâte garnie aux hormones mais l’excès de guimauve d’une romance doudou.