Bella Cherry, une jeune suédoise de 20 ans, débarque à Los Angeles avec pour ambition de devenir une star du porno.

« Là où il y a de la gêne, il y a Pleasure » semble avoir été le credo de Ninja Thyberg qui, loin de faire la tortue devant son sujet, aborde assez frontalement le monde de la pornographie. Sans doute pour mieux nous faire compatir à l’ascension de Bella qui va, forcément, de pair avec la dégradation de ses conditions de travail et sa spécialisation dans les films glauques, voire extrêmes. Si l’atmosphère des plateaux de tournages (entre contrats très réglementés, coulisses détendues du slip, et baises agressives) semble plutôt réaliste grâce à l’approche presque documentaire de la mise en scène, le film, loin d’être neutre, ne convainc pas totalement, hésitant en permanence entre un ton moralisateur et une certaine complaisance à montrer différentes pratiques. Plus gênant encore est le traitement assez superficiel (à l’image de ses exploits sexuels qu’elle poste chaque jour sur les réseaux sociaux) du personnage principal qui empêche de prendre totalement fait et cause pour elle. À moins que ce ne soit l’agaçante moue qu’affiche en permanence Sofia Kappel ?
La pauvre héroïne a beau dire, faire et faire savoir, on ne la sent jamais intéressée par une profession dont elle laisse pourtant entendre qu’elle veut atteindre le sommet. Alors, que vient-elle faire au milieu de ces galériennes du cul ? Quelles sont ses motivations réelles ? Ninja Thyberg visiblement s’en moque, préférant défoncer des portes ouvertes en s’excitant sur les pratiques d’un milieu aux contrats très professionnels mais aux agissements douteux où le « consentement » des actrices est souvent arraché à force de baratin, de fausse compassion et, s’il le faut, d’intimidation.
Que ceux qui pensaient avoir la banane, en voyant l’affiche, passent leur chemin. Ils risquent fort d’être de la baise devant ce spectacle attendu et faussement engagé qui se conclut, de manière expéditive, par un doigt d’honneur fait aux spectateurs.