
Jay, un tueur à gages traumatisé par une mission qui a mal tourné, accepte un nouveau contrat fortement encouragé par sa femme et son partenaire. Une étrange liste de trois personnes à abattre qui va, peu à peu, lui faire perdre pied avec la réalité…
Tentative d’hybridation réussie que ce Kill List, tout à la fois drame social, polar, thriller et film fantastique flirtant avec l’horreur qui prend un malin plaisir à jouer avec le mélange des genres et les changements de tons pour mieux déstabiliser le spectateur. Le tout emballé par des dialogues à l’humour très « british » qui accentuent l’étrangeté d’un récit nébuleux mais captivant de bout en bout. En faisant passer son personnage principal de victime (Jay est chamboulé par un évènement traumatique qui occasionne des problèmes conjugaux) à celui d’assassin sans pitié, Ben Wheatley détourne les codes du polar et dynamite les poncifs inhérents au genre, notamment cette idéalisation romanesque du tueur et de ses forfaits. Ici, pas de glorification de la violence dont les accès imprévisibles participent au climat oppressant d’un film remplit de zones d’ombres, flirtant volontiers avec l’ésotérisme.
C’est peu dire que Kill List risque fort d’en désappointer plus d’un. Que ce soit par son montage, son travail sur le son ou par l’ambiguïté assumée de son récit qui réussit l’exploit de transférer insidieusement, de façon presque contagieuse, le mal être de son tueur au spectateur. Le final, très glauque, conclut de manière aussi effrayante que radical un film qui, en dépit de son maigre budget, reste constamment inventif.
En effet, KILL LIST semble réunir pas mal d’arguments pour qu’on le visionne.
Merci pour le conseil !
La dernière observation de Marcorèle pourrait inviter à la création d’un classement qualité/prix des films.
Nous pourrions alors nous confirmer que le gros budget est loin d’être un gage de qualité. Ni de médiocrité, il faut aussi le reconnaître.
Mais nous pourrions aussi explorer la règle plus subtile selon laquelle un budget raisonnable permet de faire un bon film, surtout quand on ne vise pas à satisfaire tout le monde à cause de problématiques de rentabilité …
Bien entendu, il sera plus aisé de définir la donnée prix que la valeur qualité, mais ça reste un sujet à creuser à l’heure des analyses collectives qui fleurissent dans le monde journalistique.
A quand un collectif de critiques de cinéma pour noter les films de manière parfaitement subjective mais honnête selon des critères communs de notation ?Ceux-ci pourraient alors donner lieu à toutes sortes de notations bien plus pertinentes et instructives qu’une unique note de votes positifs d’abonnés bon public sur Netflix …
C’est pas du dire, c’est du faire, comme ils disent en Brière !
Je l’ai vu il y a fort longtemps mais j’en garde une très bonne impression que confirme ta critique. Wheatley se montre très habile à naviguer entre deux eaux, celles du film criminel et celles du fantastique. Je le reverrais avec plaisir. Excellent choix, plutôt original, pour passer une soirée d’halloween.
Je note, je ne le connaissais pas 🙂
Une claque en festival