Jay, un tueur à gages traumatisé par une mission qui a mal tourné, accepte un nouveau contrat fortement encouragé par sa femme et son partenaire. Une étrange liste de trois personnes à abattre qui va, peu à peu, lui faire perdre pied avec la réalité…

Tentative d’hybridation réussie que ce Kill List, tout à la fois drame social, polar, thriller et film fantastique flirtant avec l’horreur qui prend un malin plaisir à jouer avec le mélange des genres et les changements de tons pour mieux déstabiliser le spectateur. Le tout emballé par des dialogues à l’humour très « british » qui accentuent l’étrangeté d’un récit nébuleux mais captivant de bout en bout. En faisant passer son personnage principal de victime (Jay est chamboulé par un évènement traumatique qui occasionne des problèmes conjugaux) à celui d’assassin sans pitié, Ben Wheatley détourne les codes du polar et dynamite les poncifs inhérents au genre, notamment cette idéalisation romanesque du tueur et de ses forfaits. Ici, pas de glorification de la violence dont les accès imprévisibles participent au climat oppressant d’un film remplit de zones d’ombres, flirtant volontiers avec l’ésotérisme.
C’est peu dire que Kill List risque fort d’en désappointer plus d’un. Que ce soit par son montage, son travail sur le son ou par l’ambiguïté assumée de son récit qui réussit l’exploit de transférer insidieusement, de façon presque contagieuse, le mal être de son tueur au spectateur. Le final, très glauque, conclut de manière aussi effrayante que radical un film qui, en dépit de son maigre budget, reste constamment inventif.