
Alors qu’il fait une balade dominicale, Grégoire Duval, un pharmacien de Pontarlier, étrangle une jeune femme dans un bref moment de folie. Alors qu’un homme est accusé de son crime, Duval, désigné comme juré au procès, va tout faire pour l’innocenter…
Film méconnu dans la prolifique carrière de Georges Lautner, jalonnée de comédies et de polars désinvoltes, Le septième juré est l’un de ses préférés. Sur un sujet apporté et porté par Bernard Blier, à qui le roman de Francis Didelot tenait à cœur, le cinéaste compose un film qui surprend par sa noirceur et préfigure les drames bourgeois réalisés par Claude Chabrol. Plus qu’un film de prétoire, Le septième juré explore la face sombre et tourmenté d’un notable, apparemment sans histoire, rongé par le train-train familial et professionnel. Il aborde également, non sans un certain cynisme, l’entre-soi de certaines franges aisées de la société, promptes à accuser de tous les maux ceux qui ne font pas partie de leur cercle et à fermer les yeux sur les exactions de leurs semblables, plus soucieux de respectabilité que de justice.
En homme en proie à des pulsions autodestructrices, taraudé par des regrets et des remords qu’il exprime en voix off, Bernard Blier livre une prestation d’une étonnante ambiguïté et trouve, avec ce pharmacien timoré, l’un de ses meilleurs rôles.

La confession intime que ce personnage fait à son fils dans un bar de nuit ou sa dernière discussion avec le vétérinaire incarné par Maurice Biraud (parfait en homme désabusé) figurent parmi les grands moments de ce film où brillent constamment les dialogues de Pierre Laroche.
Doté d’un casting épatant, d’un noir et blanc somptueux et de belles séquences de nuit, Le septième juré est une indéniable réussite. Elle fait d’autant plus regretter que Georges Lautner n’ait pas persévéré dans cette veine noire et désenchantée qu’il retrouvera, bien des années plus tard, avec Mort d’un pourri. Mais peut-être est-ce cette rareté qui fait aujourd’hui tout le prix de ce film ?
Lautner, c’est toute une filmo à (re-) découvrir pour moi, longtemps trop imbibé du Mépris d’une certaine partie des cinéastes de cette époque.
Je ne connaissais pas ce film et ce que j’en lis m’évoque évidemment le chef d’œuvre de Lumet. Pas de Huis-clos semble-t-il ici mais une belle réalisation qui mérite que je m’ attarde sur le dossier.
Absolument d’accord avec vous, Marcorèle.
Le septième juré est de ses films qui perturbent, avec ce faux calme qui laisse le temps à l’introspection, qui dérange car il appuie là où ça fait mal.
Les acteurs y sont éblouissant de sobriété et de justesse et les dialogues y sont économes et percutants.
Il faut le revoir, pour redécouvrir ce que peut être un film fort et danse.
Oui, on peut y deviner la dramaturgie de Chabrol mais c’est bien un Lautner, qui n’hésite pas à se moquer des bourgeois, avec une noirceur il est vrai, plus grave que le ton des polars truculents qu’il nous a laissés et dont on se régale aussi.
Cet excellent film nous rappelle aussi les années soixante, où se confrontaient l’ancien monde perclus de bonnes manières et de codes sociaux aussi intransigeants qu’hypocrites et la jeunesse qui voulait tout balancer par-dessus les moulins pour se libérer de ce carcan étriqué.
La bande annonce suffit d’ailleurs à souligner cette opposition par l’illustration de la société bourgeoise et grise en imperméable et fichu, face à la jeunesse qui se déhanche, se dénude et danse, aspirant à la volupté ou simplement à la joie qui n’étaient décidément pas à la mode dans toutes les générations.
J’aime beaucoup les films de Georges Lautner 🙂