
Mère de famille souriante et serviable, Beverly n’est pas qu’une ménagère dévouée à ses voisins et à sa communauté. À la moindre contrariété, elle se transforme en une redoutable machine à tuer dénuée de pitié.
Critique acide de la société américaine qui, derrière son puritanisme affiché, se complaît dans la violence et le commerce à tout crin, Serial Mother est la création atypique d’un cinéaste trash dont la filmographie s’est lentement assagie, notamment depuis Hairspray sorti en 1988. Même s’il vise un large public, le film n’en reste pas moins un réjouissant jeu de massacre, mêlant joyeusement esthétique de sitcoms, façon Amour, gloire et beauté, et nombreuses « hitchcockeries » : de la musique singeant les compositions de Bernard Herrmann à son héroïne aux cheveux blond platine. Kathleen Turner, dans son dernier grand rôle au cinéma, est absolument incroyable. Cassant son image glamour, forgée avec La fièvre au corps et A la poursuite du diamant vert, elle parvient à rendre crédible son personnage de femme au foyer dont le sourire mielleux se transforme, en quelques secondes, en un rictus de tueuse.

La voir débiter des insanités au téléphone, à une pénible voisine qu’elle harcèle avec délectation, fait partie des grands moments de cette satire qui est aussi une intéressante réflexion sur la normalité. À une époque où le politiquement correct se répand comme une traînée de poudre, la liberté de ton et l’humour qui tâche de John Waters reste, encore et toujours, le meilleur moyen de rire de nos petits travers ridicules.
Il y a bien longtemps que je ne suis pas revenu chez Waters. Je devrais.
En effet, ça ne manque pas de piquant !
Les étasuniens savent parfaitement bien critiquer au cinéma et ailleurs leurs fadaises, complexes et turpitudes, mais ça passe inaperçu à côté de la soupe froide qui est servie à longueur de temps aux yeux et aux oreilles des hypocrites et autres croyants en toutes sortes de choses (Dieu, Noé et sa femme Jeanne d’Arc, les fantômes, les zombies, Trump, les extra terrestres, l’honnêteté des sénateurs, …)
Les supports sont tellement innombrables qu’il est vain d’en esquisser la liste ici.
Malheureusement, le clivage entre l’obscurantisme ignorant de la moitié de la population est désormais hermétique au sens critique que pratique avec parcimonie mais c’est leur maximum, l’autre moitié du peuple, sous le contrôle de la police de la vertu, de la Cour suprême et du bon pasteur et du voisin …
Je verrai donc SERIAL MOTHER avec plaisir à la première occasion !
Dans le genre, mais moins burlesque et ma sorcière bien aimée, voyez Durty John ! P
Excellent !
Que vient faire là Ma sorcière bien aimée ? 😀
J’aime beaucoup John Waters : j’ai beaucoup aimé « Hairspray » et « Cry Baby », ça me dirait bien de découvrir celui-ci aussi 🙂