Mère de famille souriante et serviable, Beverly n’est pas qu’une ménagère dévouée à ses voisins et à sa communauté. À la moindre contrariété, elle se transforme en une redoutable machine à tuer dénuée de pitié.

Critique acide de la société américaine qui, derrière son puritanisme affiché, se complaît dans la violence et le commerce à tout crin, Serial Mother est la création atypique d’un cinéaste trash dont la filmographie s’est lentement assagie, notamment depuis Hairspray sorti en 1988. Même s’il vise un large public, le film n’en reste pas moins un réjouissant jeu de massacre, mêlant joyeusement esthétique de sitcoms, façon Amour, gloire et beauté, et nombreuses « hitchcockeries » : de la musique singeant les compositions de Bernard Herrmann à son héroïne aux cheveux blond platine. Kathleen Turner, dans son dernier grand rôle au cinéma, est absolument incroyable. Cassant son image glamour, forgée avec La fièvre au corps et A la poursuite du diamant vert, elle parvient à rendre crédible son personnage de femme au foyer dont le sourire mielleux se transforme, en quelques secondes, en un rictus de tueuse.

La voir débiter des insanités au téléphone, à une pénible voisine qu’elle harcèle avec délectation, fait partie des grands moments de cette satire qui est aussi une intéressante réflexion sur la normalité. À une époque où le politiquement correct se répand comme une traînée de poudre, la liberté de ton et l’humour qui tâche de John Waters reste, encore et toujours, le meilleur moyen de rire de nos petits travers ridicules.