
Au 17ème siècle en Italie, pendant une épidémie de peste, les vicissitudes d’une jeune nonne d’un couvent de Toscane partagée entre visions de sainteté et adoration du sein tété.
Difficile de savoir à quel « sein » se vouer devant le nouveau film de Paul Verhoeven qui semble avoir mis de l’eau dans son calice et passe de Hollandais violent à Hollandais vieux lent avec cette histoire de nonnes pas vraiment molles de la fesse.
A mille lieux des excès et de l’hystérie d’un film comme Les diables de Ken Russell, auquel certains s’empressent un peu vite de le comparer, Benedetta reste bien sage dans l’art de la provocation qui a fait la réputation du cinéaste. Les tortures et le procès, vite expédiés, ne semblent pas vraiment l’intéresser et si l’on retrouve son attrait pour la description d’un moyen-âge pestiféré qu’il avait déjà abordé, en mieux, dans La chair et le sang, les frasques sexuelles de sa nonne paraissent ici plus laborieuses que sulfureuses. Verhoeven frôle même la crise de foi lorsqu’il évoque, avec une esthétique aussi douteuse que pompeuse, les apparitions du Christ à la jeune bonne sœur devenue une affolée du Gode.
Pourtant, le film ne manque pas d’humour grâce à des dialogues qui dénoncent avec esprit l’abus de pouvoir des hautes instances catholiques plus intéressées par le profit que par la religion qu’elles sont censées servir. Un anticléricalisme que Verhoeven parvient à teinter d’ambiguïté (Benedetta est-elle une sainte ou une mythomane manipulatrice ?) en dépit de l’interprétation peu convaincante qui navigue entre cabotinage et respect pour le « maître ». A moins que ce ne soit la barrière de la langue entre le réalisateur et certains de ses acteurs ? Seule Charlotte Rampling semble touchée par la grâce, passant du sérieux à la dérision avec une étonnante facilité.
Finalement, le miracle le plus marquant – et pourtant passé sous silence – ne serait-il pas le changement de couleur de cheveux de la petite Benedetta qui de brune devient étrangement blonde à l’âge adulte ? Si le mystère capillaire reste entier, on peut se faire des cheveux pour l’hypothétique prochain film de Paul Verhoeven.
Je te suis sur l’esthétique douteuse des visions. Sur le reste, je crois que j’ai largement préféré.
Benedetta, Benedicta, même combat : s’il suffit parfois d’une belle affiche pour attirer le consommateur, il faut soigner le produit pour le retenir !
Le cinoche à la sauce la plus consensuelle possible, ça ne séduit pas tout le monde, même si ça peut attirer le plus grand nombre … à partir d’un sujet sulfureux, irrévérencieux, et un peu licencieux, on attire forcément du monde.
Quelle sauce servir à ce monde une fois réuni ? Le plus simple, si on a la flemme, c’est de mettre un emballage correct : le couvent et les paysages qui vont bien, et d’ajouter les ingrédients à la mode, qu’importe que ça ne colle pas avec le cadre : l’insolence face à l’autorité, quelques poitrines et quelques fesses, au couvent, comme si c’était un phantasme commun, et des dialogues dignes d’une série télé de base. Ajoutez Charlotte Rampling comme caution intellectuelle, et quelques acteurs incontestables comme Lambert Wilson ou Olivier Rabourdin pour relever le niveau de la star des jeunes Virginie EFIRA, qui pourra passer à côté de son rôle du moment qu’elle montre ses fesses en semblant inspirée, et le tour est joué !
C’est étonnant comme un film peut manquer d’ambition et ressembler à un téléfilm médiocre faute d’y avoir mis plus de soin.
On aimerait dire à Verhoven : Vous pouvez revoir votre copie pour approfondir le sujet et améliorer la forme avec tous les moyens dont vous disposez …
Je partage pleinement la critique de Marcorèle et les avis déjà amenés ici.
BENEDETTA est raté.
Au sortir du film, nous sommes assaillis de pensées négatives accumulées au fil de la projection, qu’il nous faut partager sans attendre.
Bien-sûr, c’est beau, car les décors sont impeccables, puisqu’ils existent et sont bien choisis. On notera toutefois quelques bougies électriques en arrière plan, qui font sursauter …
Pour les costumes, il y a peu à dire, tellement la sobriété est d’usage au couvent.
Sur la vérité historique, on commence sérieusement à tiquer, car les anachronismes sont légion.
Dès la première scène, une gamine en route vers le couvent met en déroute une bande de soudards par la seule force de son bagout de petite ado. effrontée, sous le regard benet de son papa en grande tenue et de sa rem’ Clotilde Coureau qui ne fait pas ici un retour éblouissant à l’écran …
Les échanges tant dans les mots que les idées, entre les deux protagonistes principales sont à la mode, mais définitivement intransposables au 17ème. Cela manque sérieusement de travail et de subtilité !
La critique systématique de l’Eglise est assez maladroite : frontale mais juste effleurée. Le rôle de l’argent, la hiérarchie, les abus d’autorité, les sévices physiques, la trahison, le machisme, la luxure, la foi hypocrite, … tant de sujets plus dénoncés par anticléricalisme primaire que traités … Dommage, car cela demande plus de finesse et on n’avait le temps, quand on pense aux nombreuses scènes inutiles …
Les relations à l’intérieur du couvent ne sont absolument pas crédibles : on se croirait à la basse court ou dans la cour de récré, où il suffit de contester abruptement pour avoir raison, et pour virer la mère sup’ d’un jour à l’autre. Il suffit aussi d’être un peu somnambule, de prendre un voix de zombie quand on se fâche et de voir dans ses rêves Jésus avec un sabre à cheval blanc venir nous sauver comme dans un feuilleton pas cher, pour devenir une sainte …
Et la relation saphique, argument principal de vente … Quel désastre ! Entre une incontrôlable sauvageonne et une fille de bonne famille rebelle, tout n’est qu’histoire de libido débridée, comme si les nonnes n’avaient pas nourri des interdits qui freinaient leurs ardeurs et encombraient leur conscience … Cerise sur le gâteau, la statuette doudou d’EFFIRA est taillée en vibro par la sauvageonne et planquée dans la bible qui trône pourtant au centre de la pièce, après usage ! Toute crédibilité est absente, à moins qu’on ait seulement cru choquer notre pudeur ou notre sentiment religieux. Nous sommes tout au plus au niveau potache, mise en scène de collège avec les moyens professionnels …
En résumé, tout déçoit dans BENEDETTA, à moins qu’on ne s’intéresse principalement aux courbes d’EFIRA, bien entendu ; en se demandant qui de Verhoeven ou d’EFIRA a tant insisté pour qu’on la dévoile ainsi à tout bout de champ …
Autrement dit : N’y allez pas !
J’avais pas aimé « Elle » et je ne suis pas vraiment intéressée par « Benedetta ».
Je reste sur les films plus anciens de Verhoven : Total Recall, Robocop, Basic Instinct, Black Book.