Aussi fonceur que le TGV qui l’amène dans la cité phocéenne, un flic parisien aux méthodes de voyou est chargé de faire la chasse aux stupéfiants à Marseille. Mais le gros bonnet de la drogue auquel il s’attaque parvient à le discréditer et le renvoie à Paris dans le « placard » d’un commissariat de quartier.
Sur une idée de départ quasi similaire à celle de Flic ou voyou, Jacques Deray concocte paresseusement le dernier gros succès du super flic de cinéma BELMONDO (rappelez-vous, c’était écrit en gros, en haut des affiches, depuis Peur sur la ville) tout en signant le film qui, paradoxalement, va marginaliser le comédien auprès d’un public qui commence à se lasser de sa sainte trinité cinématographique : Gros bras, gros flingues, grosses vannes.
Belmondo – en blouson, baskets, tee-shirt et jean moule bite – traîne d’un air désabusé sa silhouette musculeuse, qui lui donne désormais une démarche de Culbuto, au milieu d’un Paris interlope. Son personnage de flic invincible et gouailleur, qui ne craint ni sa hiérarchie (tous des vendus) ni le méchant (plus ridicule qu’effrayant) en devient tellement caricatural que notre Magnifique ne semble plus prendre son pied que dans les acrobaties qu’il effectue et que Deray filme sous tous les angles, histoire que l’on soit certain que c’est bien sa vedette qui les exécute. Du saut d’un hélicoptère sur un bateau lancé à pleine vitesse à une spectaculaire course poursuite à bord d’une Ford Mustang en « hommage » à Bullitt, le film se met principalement au service des cascades plutôt que l’inverse. Il faut dire que, côté scénario, Jacques Deray et Jean Herman (alias Jean Vautrin) pratiquent le service minimum avec une intrigue poussive qui enchaîne les scènes improbables. Difficile de ne pas être affligé devant ce « poulet de choc » qui fascine autant les blondes poules de luxe que les brunes brésiliennes du bois dès qu’il entre dans une pièce, faisant dire à une prostituée qui se pâme à son passage qu’elle « l’aurait monté à l’œil ». Devant ce costaud qui finit par devancer, comme par miracle, à la course à pied un jeune voyou qui l’avait presque semé. Devant ce dur à cuire qui se permet de gifler (pour rire…) un collègue, histoire de lui montrer qu’interroger un suspect de cette manière est contre-productif, alors qu’il a utilisé la même méthode pour faire parler un indic peu de temps auparavant.
Distribuant des pralines dont chaque coup résonne comme un poing frappant une grosse caisse, affrontant des tueurs forcément blonds aux yeux bleus et un Henry Silva mal doublé (à qui on a oublié de dire que plus le méchant est réussi, meilleur sera le film), la star fait peine à voir dans son rôle d’inspecteur Harry du pauvre. Même les dialogues d’Audiard et la musique d’Ennio Morricone, répétitive et peu inspirée, ne parviennent pas à sauver du ridicule ce Marginal annonciateur du polar de trop, le bien nommé Le solitaire.
Vous avez la dent dure contre ce pauvre MARGINAL !
Les années 80, c’était tout-de-même une période où tout le monde allait voir le dernier Bebel au cinoche, sans trop se soucier de scénario. Alors il est probable qu’on se soit aussi laissé aller du côté de la réalisation …
Les gens étaient tout disposés à voir le numéro du sex-symbole, distribuant les grosses baffes sur fond sonore de coup secs cymbales et emballant les gonzesses d’un simple sourire. On leur en a donné pour ce qu’ils attendaient, sans faire d’efforts pour rendre le film intéressant ou raffiné.
Belmondo lui-même se plaisait sans doute à rester star sans se fouler autrement qu’une accrobaties, même s’il savait que tous ces films n’étaient pas Léon Morin, prêtre, L’Ainé des Ferchaux , A bout de souffle, Borsalino, Cent mille dollars au soleil, Pierrot le fou, Stavisky, Peur sur la ville, … N’en jetez plus !
Alors, je n’ai pas trop envie d’accabler Bebel pour ses exhibitions de cascades à cinquante ans ; lui qui en a maintenant 87 … Repose-toi bien, vieil homme, toi qui a enchanté pendant longtemps tant et tant de spectateurs …
Ce » « poulet de choc » qui fascine autant les blondes poules de luxe que les brunes brésiliennes du bois » ! Quel style, Marcorèle ! C’est vrai qu’on est déjà très au -delà du cliché !… Comme quoi, on s’en permettait dans les années 80 !
😉
Vu au ciné dans ma période inspecteur Bébel, sorte de « Dirty Harry » très propre sur lui avec une gouaille bien française. Quant à Deray, il en quille les clins d’œil à ses films préférés, artisan de l’action plus qu’intellectuel du genre. C’est aussi lourd que le flingue que le flic a coincé dans son slip, mais la nostalgie reste encore la vraie munition qui nous fait tenir.
Bébel un jour, Bébel toujours. Un gros flingue, jeans, baskets et t-shirt et blouson en cuir : un flic qui a de l’allure, un dur, le Bébel qu’on aime.
Pas vu ^^ Mais je crois qu’il y a d’autres bons films avec Belmondo
Oui. L’homme de Rio, Le magnifique et j’en passe… 🙂