Affiche du film Cinquante nuances plus claires

Anastasia est dans tous ses états. Son beau fesseur lui glisse enfin… la bague au doigt. Un diamant que le réalisateur filme plusieurs fois en gros plan, histoire de mettre l’accent sur la valeur désintéressée de cet amour et de satisfaire, surtout, aux obligations contractuelles de placement de produit.
Pour fêter ça, ils grillent aussitôt dix ans de bilan carbone (en jet privé, jet ski, yacht et vélib : ils sont trop jet set) dans un voyage de noce parisien aux allures de dépliant touristique plus train-train que libertin. La vie maritale rendrait même Christian plus chafouin que coquin puisqu’il va jusqu’à faire une scène à sa femme car à Monte-Carlo il ne veut pas que le haut de son maillot soit en principe ôté. Pour compenser, il lui offre un bracelet moche avec des breloques représentant un voilier, la tour Eiffel, un avion et une glace… À moins que ce ne soit un gode ? La question reste en suspend mais pas pour longtemps. Un terroriste a fait irruption au siège social de la compagnie de Christian et la police est sur le coup. Elle cherche des empreintes et de l’ADN sans s’apercevoir que le malotru (en un seul mot) est facilement reconnaissable sur les images des caméras de sécurité. Hyde est de retour, prêt à se faire gauler.
De retour à la maison, la docile Anastasia prend ses marques à la cuisine et commence à préparer de bons petits plats pour son homme. Généreuse, elle ramène même une boule… à neige (qu’allez-vous imaginer ?) de Paris à une de ses collègues de bureau.
De son côté, son Roméo en mode Alpha (mais qui a le mauvais goût de conduire une Audi) lui offre une vieille bicoque hantée par une décoratrice d’intérieur lubrique.
Au milieu de tant d’inepties, les rares scènes d’action sont toujours aussi peu excitantes. Ici, Anastasia conduit une Audi Sport en talons aiguilles avec la dextérité d’un pilote de rallye et (est-ce l’effet de la vitesse ?) recommence à glousser bêtement tout en se mordillant les lèvres, de nouveau en proie à son fameux herpès labial.
James Foley nous gratifie également de l’une des agressions les plus consternantes de l’histoire du cinéma doublée de l’arrestation facile du méchant Hyde (les yeux rouges de colère ou de conjonctivite, on ne sait pas) qui se conclut par ce brillant dialogue :
Garde du corps 1 : « Attache-le.
Garde du corps 2 : J’ai rien pour ça.
Anastasia : Nous, oui. Enfin, je vais trouver quelque chose. » réplique l’ingénue du cul d’un air cucul, avant d’aller chercher des menottes dans la salle de jeux SM dont la clef est facilement reconnaissable : elle est équipée d’un porte-clef avec un grand « Yes ! ».

Et les scènes de sexe dans tout ça ?
Elles sont souvent masquées grâce à d’ingénieux plans cadrés à la lisière des parties génitales.
Pour compenser, on voit les seins de madame, les fesses de monsieur et on fait la rapide découverte de la collection de plugs de Christian qui enseigne la frustration (que subit également le spectateur depuis trois films) à sa belle en la « torturant » avec un vibromasseur alors qu’elle est attachée, les yeux bandés (c’est bien la seule chose qui soit bandée dans ce dernier opus, d’ailleurs).
« Je vais te rendre folle. » lui dit-il.
Et nous, donc, devant tant de dialogues ineptes.
Lui : « Pourquoi me défies-tu ?
Elle : Parce que je peux.
Lui (avec sa modestie légendaire) : Je vais te baiser à t’en faire hurler ».
On aimerait bien. Au lieu de quoi, le réalisateur nous gratifie d’un lutinage nocturne où Anastasia étale de la crème glacée sur le corps de son aimé en vue de lui taquiner le Mister Freeze.
Heureusement, l’arrivée inopinée d’un polichinelle dans le tiroir d’Anastasia calmera les ardeurs de son beau culbuteur qui rentrera dans le rang après quelques questionnements subtils sur la paternité : « Je voulais t’offrir le monde, pas des couches et du vomi. »
Bref, c’est à un final sans nuances auquel on assiste, aussi vain que les deux plans où apparaît la pauvre Kim Basinger, réduite à jouer les inutilités dans cette trilogie en rut mineur pour fesses tristes.