Affiche du film Faubourg Montmartre
Premier film parlant de Raymond Bernard, Faubourg Montmartre est une curiosité cinématographique ainsi qu’un intéressant témoignage sur la vie d’un quartier parisien au début du vingtième siècle.
Doté de belles ambiances nocturnes, ce mélodrame larmoyant – qui s’attache aux multiples déconvenues de deux sœurs laissées à l’abandon, peu à peu perverties par un individu sans scrupule – étonne par sa description d’une descente aux enfers causée par une addiction encore inédite au cinéma à cette époque : la dépendance aux drogues ou « substances vénéneuses » comme les nomme, en termes choisis, Dédé le proxénète.
Même s’il est encore influencé par le cinéma muet, notamment dans le jeu très appuyé de certains de ses acteurs (Line Noro, notamment, qui en rajoute un peu dans son rôle de camé ou la pimpante Gaby Morlay, un peu trop âgée pour jouer la femme enfant), le film met en évidence les parfaites compositions de nombreux seconds rôles, de Charles Vanel à Florelle en passant par Pauline Carton, excellente en vieille fille au franc-parler.
Dommage que le récit s’éternise dans son dernier tiers avec l’exil de sa pauvre héroïne dans le sud de la France. Entre deux plans bucoliques, le cinéaste n’a visiblement plus rien à raconter et finit par se perdre dans une longue séquence artificielle autour d’un charivari porté par un Antonin Artaud en roue libre.
Sans être un incontournable, Faubourg Montmartre séduit, néanmoins, par son charme désuet, témoignage des débuts du cinéma parlant en France.