C’est à un beau voyage que nous convie Peter Farrelly (dont c’est la première réalisation sans son frère Bobby) à travers l’improbable rencontre entre un pianiste noir cultivé et son chauffeur blanc mal dégrossi, sur les routes du sud des États-Unis, dans les années 60. Un récit inspiré d’une histoire vraie, très loin des excès comiques qui ont fait le succès des deux frères cinéastes, qui séduit par la finesse de son propos et aborde sans apitoiement, ni didactisme le thème du racisme ordinaire, illustré par le fameux Green Book qui donne son titre au film et recensait tous les établissements américains acceptant la clientèle noire, des années 30 aux années 60. Film humaniste, solidement mis en scène, où chacun des deux protagonistes apprend de l’autre, Green Book prône l’échange (par la discussion, les lettres ou la musique) plutôt que la défiance dans les relations humaines, dans un touchant appel à la tolérance qui s’amuse des préjugés raciaux pour mieux les critiquer.
Construit sur le concept du tandem mal assorti, ce périple à hauteur d’hommes est emmené par les remarquables compositions de Mahershala Ali et Viggo Mortensen qui apportent épaisseur et crédibilité aux relations entre le musicien solitaire et son chauffeur hâbleur, faisant de ce Green Book un voyage aussi divertissant qu’attachant.
Ca m’a l’air parfait ! J’irai le voir !
Et puis, il faut bien se rendre à l’évidence : Il vaut mieux essayer de sortir de ce racisme primitif qu’encore beaucoup de gens ont en eux, par des paraboles que par des discours trop directs. Ces gens ont besoin d’images pour contrecarrer les clichés qui leur sont venus d’on ne sais où. Ce phénomène d’un autre temps nous offre en tous cas, de bons sujets à filmer, et c’est bien là le seul et malheureux intérêt du racisme.
Et pour ceux que ça surprend encore de voir un black super classe faire la leçon à un bon blanc de base de chez nous, il n’est jamais trop tard pour se mettre à jour.
En France, le premier des guides Michelin a été créé en 1900 par André Michelin et son frère Édouard. Comme chacun sait, il existe toujours pour aider les automobilistes dans leurs déplacements et leurs choix d’étapes, même si l’on se sert désormais plus facilement des versions numériques.
Un autre guide de voyage, mais au USA (pays officiel de le Liberté, de la Justice, de la Démocratie et tout le tintouin la main sur le coeur ou sur la Bible …) a été créé par Victor Hugo Green : The Negro Motorist Green-Book). Très utile aux noirs pour cause de ségrégation légale et très effective, il a a été publié chaque année entre 36 et 66 … Si-si, au vingtième siècle, il n’y a pas d’erreurs : jusqu’en 1966, vu que les Lois ségrégationistes avaient été abolies en 1964.
C’était au temps où ce pays s’essayait enfin à l’égalité entre ses citoyens, pendant qu’il déployait partout ailleurs des efforts énormes pour éviter que la démocratie se répande trop.
Drôle d’époque, pas si lointaine …
Quoi, on parle de politique, ici ?
Ben oui, c’est un peu le sujet de GREEN BOOK, non ?
Aussi…
Fascinante cette histoire, en général les films où joue Viggo Mortensen me vont bien !
Celui-ci devrait te convenir parfaitement. 😉
Un tantinet angélique, voire hagiographique à mes yeux (une idée qui ne me quitte pas depuis que je sais que le scénario a d’abord été écrit par le fils du chauffeur), j’avoue que ces bons sentiments ont quelque peu agacé mon ressenti. Pédagogiquement, ça fonctionne sûrement, et ça s’s’inscrit dans la ligne des films à Oscars.
J’ai beaucoup aimé Green Book. Je suis entièrement d’accord avec toi, je rajoute juste qu’ils ont réussi à faire passer pas mal d’humour tout en finesse, super équipe de scénaristes réalisateur et acteurs !