A la suite d’une fusillade dans la Zone Commune de Sécurité (Joint Security Area) séparant les deux Corée : deux soldats de l’armée nord-coréenne sont retrouvés morts. Cette affaire donne lieu à un incident diplomatique majeur entre les deux pays.
Afin que la situation ne dégénère pas, une jeune enquêtrice suisse est chargée de mener les auditions des soldats qui étaient en poste. Elle se rend très vite compte que les divers témoignages rendent l’enquête complètement indémêlable…
Bien avant Old Boy qui l’a révélé en occident, Park Chan-Wook était déjà l’auteur d’un film magistral. Dix-huit ans après sa réalisation, JSA (Joint Security Area) arrive donc enfin sur les écrans français et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a rien perdu de sa force, ni de son aspect visionnaire. On peut même dire que sa sortie tombe à point nommé en cette période de négociations entre les USA et la Corée du Nord.
Passionnant tant sur le fond que sur la forme, JSA (Joint Security Area) est à la fois une réflexion politique, une enquête policière et un plaidoyer humaniste.
Mêlant avec une incroyable aisance – ainsi qu’une bonne dose d’humour – drame et thriller militaire au service d’un discours de paix et de réconciliation entre les deux Corées, Park Chan-Wook dépeint avec clairvoyance la bonne volonté des hommes (quel que soit leur camp) et leur volonté de fraternisation en dépit de leurs différences et des rapports de force entretenus par les puissants qui les gouvernent.
La beauté des plans et la mise en scène ciselée du cinéaste (faite de travellings complexes, de raccords dans le mouvement, de transitions de scènes élaborées ou de brusques arrêts sur image) s’accordent au propos et participent à une réflexion plus globale sur l’interprétation aléatoire d’un fait ou d’une image en fonction des points de vue.
Deux magnifiques moments, en rapport avec la photographie, sont d’ailleurs emblématiques de ce questionnement. Le premier montre un soldat en train de prendre une photo de ses compagnons en réfléchissant à la façon de cadrer son cliché pour faire disparaître de l’image les portraits de Kim Jong-il et de son fils accrochés au mur. L’autre est la découverte d’une photo anodine, prise par un touriste, où se trouve pourtant condensé tout le sujet du film.
Doté d’une distribution remarquable, JSA (Joint Security Area) est un film aussi passionnant qu’émouvant. Une indéniable réussite et une pièce maîtresse dans la filmographie de Park Chan-Wook.
JSA (Joint Security Area) sera à découvrir en salles à partir du mercredi 27 juin 2018.
Très alléchant.
Oui, je te le recommande. 😉
Très fan de Park Chan-Wook ^^
Tu devrais être emballée, alors. 🙂
Ça me tente bien !
Heureux que la critique donne envie. 🙂
Ca donne vraiment envie, merci !
Il ne te reste plus qu’à le voir. 😉
J’aime énormément ce film, très émouvant, et je suis ravie qu’il ressorte dans les salles !
Très enthousiasmant !
(… et sans doute plus convaincant sur les sujet des deux Corées, que le numéro de claquettes de débutant de Donald Drumpf à Singapour)
Mais pourquoi JSA n’est-il pas sorti plus tôt en France ? Seulement après 18 ans dans les cartons ?
Ce film a été tourné avant le dictateur actuel, du temps de son père dictateur, Kim Jong-il, mais les circonstances sont grosso-modo les mêmes, ce qui est l’avantage unique des dictatures dynastiques : ça ne change pas beaucoup d’une génération à l’autre …
On profiterait donc de l’actualité réchauffée sur les deux Corées pour nous le présenter en 2018, ce qui lui offre un intérêt indéniable ; mais on aimerait en savoir plus sur la logique qui nous a privé de JSA depuis 2000, malgré l’engouement renouvelé depuis pour les films de Park Chan-Wook …
Passionnant, tu le dis ! Et bien vu les deux moments rappelés concernant la photo ; à lier à la photo présentée à la fin du film comme un puzzle qui vient d’être achevé, ou plutôt comme une énigme qui sans les explications qui précèdent serait restée incompréhensible. Cela dit bien toute la méfiance dont on doit faire preuve avec le cliché.
Et en effet, le distributeur profite d’une actualité coréenne toute « chaude » pour (re)sortir ce film. Il faut dire qu’il y a 18 ans les Occidentaux avaient des préoccupations différentes, ignorant tout des deux Corée car la Guerre Froide c’était du passé, et après 2001 complètement tournées vers le Proche et Moyen Orient.