Affiche du film Moi, Tonya
Grandeur et décadence de Tonya Harding – championne de patinage artistique et première Américaine à avoir réussi un triple axel en compétition – soupçonnée d’être à l’origine de l’agression d’une de ses concurrentes en 1994.
Craig Gillespie livre un film atypique sur le monde du sport et sur ses dérives à travers le portrait fragmenté d’une sportive haute en couleur brillamment interprétée par Margot Robbie.
Aussi affutée que les lames des patins des concurrentes et tourné à la manière d’un documentaire, la mise en scène multiplie les pirouettes et s’amuse à brouiller les pistes en mêlant les points de vue divergents (et les regards caméra) des protagonistes. Tandis que le récit se joue des contradictions de chacun pour composer, en creux, le parcours tragi-comique d’une jeune femme d’origine modeste, maltraitée dès l’enfance par une mère dépourvue d’instinct maternel (incarnée par une épatante Allison Janney) et entretenant une relation toxique avec son mari.
Dommage qu’à force de charges féroces, le programme soit un peu court sur la psychologie des personnages réduits à de simples caricatures et que la satire écorne à peine le monde tape à l’œil du patinage artistique et de ses dirigeants qui préfèrent cultiver l’entre-soi, entre gens de bonne compagnie.
En dépit de ces défauts, Moi, Tonya parvient à émouvoir dans sa dénonciation du déterminisme social et grâce à son portrait de femme blessée en quête d’amour et de reconnaissance.