Les errances new-yorkaises et les tergiversations amoureuses d’Isaac, un auteur de sketches comiques hypocondriaque.
Avec son somptueux noir et blanc et ses images en CinemaScope que rehausse le Rhapsody in Blue de George Gershwin, Manhattan est, peut-être, l’un des plus beaux films de Woody Allen.
On y retrouve les thèmes de prédilection du cinéaste (l’amitié, les femmes, la culture, l’écriture…) ainsi que ses préoccupations existentielles qu’il expose, selon son habitude, dans des répliques pleines d’autodérision. Un art consommé du dialogue qu’il contrebalance par des plans magnifiques, comme cette célèbre vue sur le pont de Queensboro. Moments de pause, au milieu de la logorrhée allenienne, qui, tout en rendant hommage à sa ville de prédilection, apporte une indéniable mélancolie au film. Rarement New York aura été aussi bien mis en valeur, devenant une entité à part entière.
Dommage que les intellos aisés, autour desquels gravite le récit, ne soient qu’une variation – presque un clonage – du personnage qu’interprète Woody Allen de film en film. Brillamment bavards sur leurs sentiments, ils peinent paradoxalement à faire poindre l’émotion et, à ce jeu, c’est finalement la jeune Tracy (Mariel Hemingway, toute en sensibilité) qui s’en sort le mieux. Grâce à elle et à son dernier échange avec son « vieil » amant, Manhattan atteint, in extremis, l’émoi et la plénitude après lesquels Isaac a passé son temps à courir. Lumineux.
Je crois que les années 80 sont l’âge d’or du cinéma de Woody ! Tellement de chefs d’oeuvre dans ces années. Manhattan est celui qui a eu le plus de succès mais Radio Days ou La Rose Pourpre sont aussi beaux.
La rose pourpre du Caire. Un film sur lequel j’aimerais revenir. 🙂
L’âge d’or d’Allen venait de commencer avec Annie Hall. Il durera jusqu’en 1997, avec comme sommet Crimes et délits en 1989, son chef-d’oeuvre. Noir et blanc somptueux dans Manhattan en effet. Curieusement, lui-même n’aime pas ce film.
Merci pour ton intervention. 🙂
J’aimerai bien découvrir ce film :). J’aime beaucoup ce que fait Woody Allen :).
Il y a quelques années, on pouvait aimer le cinéma de Woody Allen sans passer pour un intello qui se la pète. Apparemment, ce n’est plus permis …
Alors, j’en profite pour dire que j’aime le cinéma de Woody Allen, qui me déçoit rarement. Et même quand il me déçoit, je le soupçonne d’en avoir fait exprès.
Woody Allen baisse de niveau ? Que voulez-vous, il faut vivre avec son temps …
MANHATTAN est délicieux, il a toujours été délicieux.
MANHATTAN fait partie de nos références, de notre culture et même de notre langage : Si je marche dans New York, j’entends Woody Allen bavarder inlassablement aux oreilles de la charmante Tracy (Mariel Hemingway – ne cherchez pas, c’est bien une petite fille de son grand-père, mais elle a fait par elle-même…), et si je lis le nom de WAGNER ou que je l’écoute, j’entends immédiatement Woody Allen lancer naturellement « Quand j’entends trop Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne » …
Woody Allen, c’est comme le pinard, ça devrait être obligatoire !
Il y avait un ciné-club, à la fac, une fois par semaine, deux ou trois fois moins cher que chez GAUMONT, et ce soir là, ils projetaient « MANHATTAN ».
L’amphi était plein a craquer.
Le film débuta mais le son ne venait pas. Pas de son ! Les huées ne tardèrent pas pendant qu’à l’écran les bouches muettes parlaient maintenant aux bien-entendants.
Le machiniste accablé dû tout remettre en place. Après un sacré bout de temps et dans la crainte de ne pas y arriver, on avait pu découvrir le film, avec le son ; tous médusés par l’oeuvre et tordus de rire à la première occasion.
Notre faible niveau d’anglais nous obligeait à lire à toute vitesse la traduction des tirades interminables de Woody le super bavard, mais on était comblés.
Evidemment, on ne se pressait pas de partir après le film, et on restait là « …achement tard, jusqu’à tant qu’ils ferment » comme disait Coluche, avant d’aller prendre un pot chez l’un ou l’autre, même sans boire, pour prolonger ces moments dans un joyeux brouhaha …
Ils projettent quoi, maintenant, au ciné-club de la fac ?
Hein, y’a plus de ciné-club depuis longtemps !!!!!! Mais comment ils font, alors les étudiants de maintenant pour découvrir les films ?
Il s’arrange pas, GUDULE ! V’là qu’il mélange tout maintenant …
En fait, l’allusion à Wagner, c’est dans « Meurtre mystérieux à Manhattan » : il a promis à son épouse, jouée par Diane Keaton, de l’accompagner pour assister à un opéra de Wagner, et quand on les voit sortir bien avant la fin, pour s’excuser, il a cette réplique culte : « Quand j’écoute trop Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne. »
(I can’t listen to that much Wagner, ya know ? I start to get the urge to conquer Poland.)
Mais, c’est pas grave, C’est bien de Allen et la scène se passe à Manhattan, donc ça aurait pu être avec Mariel Hemingway, dans MANHATTAN ! 🙂
Bref, autant revoir les deux films !!