Dans un futur proche, afin d’éviter les guerres, les gouvernements du monde entier ont mis en place : « La Grande Chasse », un jeu qui légalise le droit de tuer.
Des volontaires (tour à tour chasseurs ou victimes) s’affrontent dans le but d’atteindre les dix victoires qui leur donneront richesse et célébrité. Sur le point d’être victorieuse, Caroline Meredith doit chasser sa dernière victime, le séduisant Marcello Poletti, désigné au hasard parmi les nombreux candidats.
Depuis Les chasses du comte Zaroff de Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel (1934) jusqu’à Chasse à l’homme de John Woo (1993), l’homme traqué comme un animal par ses congénères est un sujet récurrent du cinéma d’anticipation.
Une thématique qui semble, à priori, bien loin du cinéma contestataire d’Elio Petri et de ses plus grands films comme Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon ou La classe ouvrière va au paradis.
De fait, La dixième victime, adaptation d’une nouvelle de Robert Sheckley, se présente comme une parenthèse ludique dans la filmographe sombre de Petri, qui appréciait aussi la science-fiction et le Pop art. Une aventure colorée et sexy dans la lignée des James Bond où se mêlent trouvailles vestimentaires (le soutien-gorge muni de pistolets d’Ursula Andress a sans doute inspiré ceux des femmes robots d’Austin Powers), gadgets et décors mêlant habilement classicisme (Rome et ses monuments) et design d’alors.
Pourtant, par sa dénonciation prémonitoire des dérives de la télé réalité et de la société du spectacle, cette satire sociale s’inscrit logiquement dans l’œuvre du cinéaste qui passe au miroir grossissant les dérives de nos sociétés contemporaines : les sectes mercantiles, la prostitution ayant pignon sur rue et les vieux que leur famille abandonne aux « bons soins » de l’État.
Un ton railleur qui, s’il fait parfois mouche, atténue le plus souvent la portée de la dénonciation, d’autant que le film finit par s’enliser dans un jeu de dupes répétitif et mollasson aux coups de théâtre de moins en moins crédibles.
La dixième victime permet en tous cas à Elio Petri de composer un couple de cinéma très glamour et de retrouver Marcello Mastroianni qui jouait déjà dans son premier long métrage, L’assassin. Les cheveux ras et teints en blond, l’acteur semble prendre plaisir à casser son image de séducteur devenu la proie de trois femmes qui cherchent à lui faire la peau. Face à lui, Ursula Andress, aussi belle que dans James Bond 007 contre Dr No, trouve certainement là un de ses rôles les plus ambigus.
Une sympathique curiosité.
Carlotta propose La dixième victime pour la première fois en Blu-ray (ainsi que dans une nouvelle édition DVD) dans une superbe restauration 2K qui redonne des couleurs à ce film « pop » et de l’énergie aux musiques très jazzy de Piero Piccioni.
Ces nouvelles éditions seront disponibles le 12 juillet 2017 dans la « Collection Cinéma Italien » de Carlotta.
Tu nous dégotes de ces trucs, mais où vas-tu chercher ces films ??? ;-))
C’est ce qui fait la beauté de ce blog, non ? Son éclectisme ! 🙂
Alors là, film inconnu au bataillon, mais le sujet a l’air très visionnaire!
Pas sûre que ce film me plaise, ça doit être assez violent psychologiquement.
Absolument pas. En dépit du sujet, c’est plutôt léger.
Il m’intéresse :). Merci pour la découverte!
Je ne connais pas du tout ce film, mais ton article me donne envie de le visionner.
Merci. 🙂
Avec plaisir