Une adolescente à la blondeur l’Oréal et au teint de satin Gemey-Maybelline arrive dans un San-Francisco de carte postale pour devenir mannequin.
En peu de temps, sa « beauté naturelle » en fait la coqueluche du monde de la mode et file des boutons à ses concurrentes anorexiques adeptes de la chirurgie esthétique.
Avec The Neon Demon, Nicolas Winding Refn se Tony Scotterise définitivement et nous inflige une variante des Prédateurs dans le mannequinat, agrémentée d’ambiances à la Mario Bava (façon Six femmes pour l’assassin), mais hélas totalement dépourvues du savoir-faire angoissant du réalisateur italien.
Pour « dénoncer » le dictat de la beauté et ses effets pervers, le réalisateur ne trouve rien de mieux que de nous servir un improbable pensum chichiteux digne d’une publicité pour cosmétiques et luminaires, pâle copie du film de Tarsem Singh avec Julia Roberts : La vie est belle pour l’eau de parfum Lancôme…
Le réalisateur de Drive accouche d’un trip superficiel sur un monde artificiel. Un long clip creux que ses admirateurs pourront combler, tout à loisirs, de leurs interprétations fumeuses.
Pourtant, The Neon Demon n’est rien de plus qu’une histoire sans queue (où sont les hommes ?) ni tête (ou alors de linotte, pour être au Top) ponctuée de dialogues ineptes sur le désir de l’héroïne de devenir mannequin.
– « Tu veux être comme elles ? lui demande un ami.
– Non, ce sont elles qui veulent être comme moi.» répond la nunuche égocentrique.
Le tout enrobé dans de longues nappes sonores bidouillées par un Vangelis du pauvre qui s’est apparemment endormi sur les touches de son synthétiseur.
Et que dire des fameuses scènes chocs ou érotiques, sinon qu’elles arrivent bien tardivement (alors que la moitié de la salle s’est déjà assoupie) et se limitent à :
– Une main ensanglantée que l’on désinfecte à l’alcool à 90° : censée épouvanter les spectateurs de moins de 12 ans ?
– Une scène de nécrophilie : censée choquer le bourgeois ou le fêtard Cannois ?
– Un vomissement douteux : censé écœurer les mangeurs de M&M’s ?
Dans cet océan de fades blondeurs, seule la prestation de la rousse Jena Malone attire l’attention. L’agaçante Elle Fanning n’ayant vraiment rien de fascinant avec ses minauderies de poupée évaporée.
Pour la critique incisive du monde de la mode et de sa superficialité, mieux vaut revoir Zoolander de Ben Stiller.
C’est noté :). J’avais beaucoup aimé Zoolander en plus.
Je préfère les gens qui ne se prennent pas au sérieux. 🙂
Je commençais à me méfier depuis « Only God forgives
Tu fais bien…
Pas pour moi!
A moins que tu aimes les jolies coquilles vides.
Pour ma part j’ai beaucoup aimé ce film. Je ne crois pas qu’il tente de dire quelque chose de nouveau sur la mode mais je crois qu’il le dit en allant au bout de ses idées. Après je comprends qu’on puisse rejeter en bloc. Mais je trouve que l’esthétique sert le propos.
La pub avec Julia Roberts va elle aussi au bout de ses idées avec des images superbes et un message fort contre tous les diktats. Sauf qu’il dure beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup moins longtemps. 😉
Rooooh pas à ce point 😮
C’est toujours dommage de rater un film sur un bon sujet.
On avait senti le coup venir dès l’annonce dont on nous a rabattu les oreilles et les yeux dans les salles obscures avant la sortie…
Bravo pour cette analyse aussi juste que fine.
Par contre, à mon avis, rien ne saurait écœurer les mangeurs de M&M’s !🙂🙂🙂🙂🙂
Ce n’est pas faux… 😀
Ce film m’a laissé perplexe. C’est tout ce que ça m’inspire comme commentaire 🙂
C’est déjà une bonne première approche ! 🙂
Un film épouvantable, terrifiant de futilité …