Tartarin est un rentier fanfaron à la langue bien pendue qui aime régaler ses concitoyens de ses récits de chasse… Tous imaginaires !
Mais à force de vantardise, les habitants de Tarascon le prennent au mot et le voilà contraint, pour ne pas perdre la face, d’aller chasser le lion en Afrique.
Orchestrée par Pagnol, cette adaptation du roman d’Alphonse Daudet bénéficie de ses savoureux dialogues ainsi que de sa troupe de comédiens où domine l’interprétation de Raimu dans le rôle principal. Un rôle taillé sur mesure où il donne libre cours à sa faconde pour interpréter, avec truculence, ce personnage aussi hâbleur que lâche.
Il suffit de le voir mimer une scène de chasse devant un auditoire captivé ou se lancer dans l’interprétation farfelue et décalée – ventre bombé et petit doigt en l’air – du duo de Robert le Diable pour s’en persuader.
Une performance secondée par de savoureux seconds rôles, dont l’excellent Fernand Charpin, et mise en musique par Darius Milhaud.
Dommage que Raymond Bernard, fils de Tristan, se contente de filmer platement les numéros de son comédien principal sans y apporter la moindre trouvaille comique, le gag du chameau, en fin de film, mis à part.
On peut toutefois apprécier les prises de vue faites en Algérie, loin des studios et de leurs extérieurs en carton-pâte, qui apportent ici un semblant d’authenticité aux tribulations de Tartarin en Afrique du Nord, témoignage d’un autre temps sur le passé colonial de la France.
Je ne l’ai pas vu à sa sortie ! Normal, je n’étais pas encore né du temps de l’Algérie française …
Je me le réserve pour le centenaire de sa sortie, dans 19 ans … Je serai encore bien assez jeune pour rigoler des farces de Raimu …
En tous cas, grand merci à Marcorèle pour cette exhumation cinématographique, qui s’inscrit en troisième place dans l’ordre chronologique des films commentés sur Cinéluctable ! Quel talent sans frontières, même du temps !
A quand les commentaires sur les pionniers de chez nous comme Georges Méliès, Louis Feuillade, ou Charles PATHÉ, où l’on parlera du burlesque Max LINDER ? C’est à ce moment là que nos chers alliés américains du Nord ont profité de notre manie de nous mettre sur la gueule en Europe, et de la réquisition des studios par l’armée, pour nous piquer le truc du cinoche et lui donner l’ampleur qui ne sait jamais démentie depuis … Et Abel GANCE, Marcel L’HERBIER, Julien DUVIVIER, Jean RENOIR, Jacques FEYDER ne suffiront pas à rattraper l’affaire ; surtout que ces baratineurs d’outre-Atlantique ajouteront le son !
Bon-sang, Tartarin aurait mieux fait de mieux surveiller le truc avec son fusil au lieu d’aller chasser le lion en Afrique !