Affiche du film L'Hermine
25 ans après son plus beau film, La discrète, Christian Vincent retrouve Fabrice Luchini et nous offre une nouvelle comédie dramatique située au cœur d’un tribunal du nord de la France où Michel Racine, Président de cour d’assises redouté pour sa froideur et sa fermeté, doit mener le procès d’un jeune homme accusé d’un homicide.
Grippé, le magistrat est de fort mauvaise humeur. Aussi, quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il découvre que parmi les jurés se trouve une femme dont il était tombé éperdument amoureux six ans plus tôt.
Avec L’Hermine, Christian Vincent renoue avec l’interprète de son premier film en lui donnant un rôle assez similaire : celui d’un homme désabusé renaissant à la vie au contact de l’amour. A une nuance près toutefois, le cynisme du personnage d’Antoine dans La discrète laisse place, ici, à l’amertume d’un homme seul dont on recompose par bribes la morne existence.
Très bien écrit, L’Hermine se joue habilement des zones d’ombre de chacun des personnages pour mieux les dévoiler au sein de deux récits parfaitement imbriqués qui s’enrichissent mutuellement à mesure que le film avance. Le procès d’une part, filmé comme un documentaire, et les brèves retrouvailles amoureuses, nimbées de mélancolie, entre Michel et Ditte.
Deux histoires, deux faces d’une même « pièce » qui se joue dans le tribunal et à l’étage d’une brasserie. Et pour chacune, le doute et un questionnement sur l’ambiguïté des rapports amoureux : ceux qu’entretiennent Michel et Ditte ou ceux entre l’accusé et sa femme.
Après Judith Henry, Christian Vincent trouve en Sidse Babett Knudsen l’actrice idéale face à Fabrice Luchini. Son jeu lumineux et ses regards expressifs sont le parfait contrepoint de son partenaire, plus taciturne (c’est le rôle qui veut ça) et moins volubile qu’à l’accoutumée. Chacun dans leur registre, ils sont tous les deux excellents.
Photo du film L'Hermine
Leurs discrètes rencontres à l’extérieur du tribunal sont d’ailleurs parmi les plus belles scènes d’un film souvent intense. Grâce aux dialogues qui sonnent particulièrement juste (que ce soit dans l’évocation des rapports amoureux, les discussions entre jurés ou les propos des témoins au procès) et grâce à la distribution toute entière, vraiment épatante.
Aussi émouvant que drôle, L’Hermine séduit par sa façon très juste de capter l’air – morose – du temps tout en réaffirmant avec optimisme la force de la justice et les bienfaits du vivre ensemble, par-delà les différences et les préjugés.
Ce n’est peut-être pas grand-chose mais ce petit rien fait vraiment du bien.