À deux, la puissance de feu est plus grande.
Et c’est surtout plus amusant. C’est ce qu’on s’est dit avec Polinacide pour notre seconde collaboration « ciné », qui se poursuit avec le très attendu OO7 SPECTRE.
Bien que, cette fois, nous ne tirions pas dans le même sens.
Alors : Bond ou pas Bond ? A vous de vous faire votre idée !

Affiche du film Spectre
Afin d’honorer un message d’outre-tombe, Bond se lance à la poursuite d’un gangster et découvre que ce dernier fait partie d’une dangereuse organisation criminelle nommée Spectre.

24ème aventure de James Bond et quatrième permis de tuer pour Daniel Craig.

Ce que laissait discrètement présager Skyfall, retour au machisme et à une certaine forme de misogynie, se confirme avec Spectre qui fait un triste Bond en arrière dans les années 80.
Exit la belle énergie – et la véritable noirceur – donnée au personnage de 007 par Martin Campbell dans Casino Royale (dans le sillage des Jason Bourne : nouveau mètre étalon en la matière) et retour aux vieilles recettes éculées : gadgets, blagues datées et p’tites pépés prêtent à craquer pour « Jaaaames ! », quoiqu’en dise le personnage de Léa Seydoux.
Sam Mendes, aux manettes depuis Skyfall, enterre définitivement le Bond de Campbell (il le déguise d’ailleurs en squelette au début du film : vous saisissez la fine allusion ?) dans un pré-générique mouvementé au Mexique avant de s’ingénier à faire renaître de ses cendres la peu glorieuse époque de Roger Moore. Le tout en cherchant à donner au personnage un lourd secret de famille, fumeux et prévisible. Le fameux « syndrome Batman » lié à la mort d’êtres chers dans la petite enfance et que les fans de super-héros connaissent bien puisqu’il a récemment touché les nouvelles versions de Superman et de Spiderman. Un syndrome bien utile aux scénaristes et réalisateurs en manque d’inspiration et de reconnaissance en tant qu’auteur.
Et comme Sam Mendes est un auteur…
Bah oui, Sam Mendes ! Vous savez, c’est le gars qui se fait passer pour un petit génie parce qu’il est parvenu à rendre chiant un film de gangsters avec Tom Hanks et Paul Newman (Les sentier de la perdition en 2002) et qu’il a filmé, avec style, une nymphette dans une baignoire de pétales de roses et un sac plastique volant au vent.
D’ailleurs, ne fait-il pas dans Spectre un clin d’œil à American Beauty lorsque Mister White dit à James Bond qu’il est comme un « cerf-volant qui danse dans un ouragan » ?
A moins qu’il laisse entendre que Daniel Craig joue comme un sac ?
C’est toujours le même problème avec les auteurs : on se perd en conjectures.
Avec Spectre, Sam Mendes offre le spectacle de sa vacuité et nous gratifie d’un film bavard et prétentieux dont les quelques scènes d’action frisent le ridicule.

C’est Bond !

– Un pré-générique spectaculaire pendant la fête des morts à Mexico dont l’ambiance n’est pas sans rappeler, toute proportion gardée, le début de Vivre et laisser mourir à qui le film fait de multiples clins d’œil.

C’est pas Bond !

– La chanson du générique pompe grave. Normal, elle est chantée par Sam Smith dont la voix aigüe est aussi mélodieuse que celle d’un « goret que l’on châtre », pour reprendre la formule de Benoît Poelvoorde.
– Un générique qui fait tâche avec son gros poulpe.
– Le second degré et les vannes balourdes ne vont vraiment pas à Daniel Craig.
– Bond qui cause plus qu’il ne tire.
– Léa Seydoux alias Madeleine Swann. Certainement la James Bond girl la moins glamour de l’histoire de la saga, juste après Grace Jones.
Mauvaise actrice également : son adieu à Bond est aussi ridicule que la mort de Marion Cotillard dans The Dark Knight Rises. Mais là, c’est une constante dans la saga. Il suffit de se remémorer les contre-performances de Tanya Roberts ou de Maryam d’Abo…
– Madeleine Swann, une James Bond girl « soi-disant » rompue à l’emploi des armes (mais qui manque sa cible dans un couloir de train) et au combat au corps à corps (mais qui perd connaissance à la première baffe).
– Monica Bellucci, beaucoup plus sexy que l’héroïne, dans une trop brève apparition.
– Des longueurs et de longs plans dans des endroits déserts (le nombre de figurants dans le plan séquence au Mexique ayant dû faire exploser le budget) où Sam Mendes fait de l’image léchée et se regarde filmer.
– Le placement de produit pas très discret pour la montre Omega au détour d’une blague vaseuse de Q, juste après la retape pour la nouvelle Aston Martin.
– La poursuite en voitures à Rome (digne héritière de celles des années 70/80, période Roger Moore) dans des rues étrangement désertes, avec blagues à deux balles sur les gadgets qui ne fonctionnent pas et humour d’un autre temps autour d’une Fiat 500.
– Christoph Waltz plus ridicule qu’effrayant. Un comble pour celui qui est censé représenter le double maléfique de James Bond et le méchant le plus emblématique de la saga. Il faut dire qu’avec sa dégaine années 80, pieds nus dans ses mocassins, il semble plutôt sortir de la série Deux flics à Miami que d’une aventure récente de 007.
– Andrew Scott, le charismatique Moriarty de la série Sherlock, sous employé en petit bureaucrate prétentieux.
– L’évasion de James Bond d’une base dans le désert : du niveau d’un film d’action des années 80. On pense au film Commando (1985) où le héros tournait le dos à une quinzaine d’assaillants lourdement armés sans recevoir la moindre balle et faisait mouche, sans viser, dès qu’il se retournait. Sauf que le film avec Schwarzenegger était une parodie.

Permis de tuer

Toujours suspendu pour cette aventure qui n’a rien de tentaculaire, ni de Spectraculaire et tente de faire du neuf en recyclant du vieux.
James Bond est mort… Vive Jason Bourne !