Affiche du film Fantômas
Un mystérieux génie du crime nommé Fantômas terrorise la France par ses vols audacieux et ses crimes sans scrupules.
Le commissaire Juve et le journaliste Fandor décident de s’attaquer à lui en le tournant en ridicule.
Blessé dans son orgueil, le criminel masqué entreprend de discréditer ses deux adversaires auprès de l’opinion publique.
Adaptation très fantaisiste des romans feuilletons de Pierre Souvestre et Marcel Allain, le Fantômas d’André Hunebelle s’inspire beaucoup plus de James Bond (dont la première aventure était sortie sur les écrans deux ans plus tôt) et de la recette à succès du duo mal assorti élaboré par le réalisateur dans Le Bossu ou Le Capitan où le fringant Jean Marais avait pour contrepoint comique Bourvil. C’est d’ailleurs à ce dernier que fut d’abord proposé le personnage du commissaire Juve. Un rôle qu’il refusa au profit de Louis de Funès permettant à celui-ci d’accéder définitivement au vedettariat – quelques mois après Le gendarme de Saint-Tropez – et au film de rester gravé dans les mémoires.
Car que retient-on de cette gentille comédie policière si ce n’est l’interprétation délirante du commissaire Juve par de Funès ? Il offre au film ses meilleurs moments (l’interrogatoire de Fandor, la scène des boules Quies ou celle du portrait-robot) et impose un tempo résolument moderne face au jeu plus classique de Jean Marais qui se fait littéralement voler la vedette. L’interprète du Capitaine Fracasse parvient heureusement à tirer son épingle du jeu grâce à son double rôle Fandor/Fantômas et aux cascades/bagarres – particulièrement bien réglée – qu’il effectue lui-même.
Coincée entre les deux acteurs, Mylène Demongeot doit se contenter de jouer les sympathiques potiches. Les seconds rôles s’en sortent mieux, André Hunebelle ayant eu le bon goût de faire appel à quelques gueules emblématiques du cinéma français pour pimenter son intrigue : de Dominique Zardi en porte-flingue à Robert Dalban en passant par Jacques Dynam, excellent faire-valoir dans le rôle de l’adjoint du commissaire.
Paradoxalement, ce sont les nombreuses et interminables courses poursuites (pourtant un des seuls éléments fidèle au roman, avec l’utilisation des déguisements) qui ralentissent le spectacle et le desservent par leurs grotesques invraisemblances : comment Hélène parvient-elle, depuis un hélicoptère, à retrouver la trace de la voiture où sont séquestrés Juve et Fandor ?
Des facilités que le réalisateur parvient malgré tout à faire avaler à son public à l’aide des superbes musiques composés par Michel Magne et dont les thèmes – inquiétant pour Fantômas et sautillant pour le commissaire Juve – ont largement contribué à l’ambiance et au succès du film.
Et pour ce qui est de la transposition fidèle des aventures de Fantômas au cinéma, il semblerait que le redoutable bandit ne soit toujours pas décidé à se faire mettre en boîte…