L’arrivée discrète d’un immigré d’origine russo-tchétchène dans la communauté musulmane de Hambourg met les services secrets allemand et américain en éveil.
Cet homme aux allures de clochard est-il une victime ou un possible terroriste ? C’est ce que cherche à découvrir Günther Bachmann et son équipe en dépit des pressions exercés par leurs supérieurs – et leurs alliés américains – pour qu’ils stoppent immédiatement cet homme très recherché.
Dès la première scène dans la zone portuaire de Hambourg, lieu de transit des immigrés clandestins, le style d’Anton Corbijn se reconnait par sa façon d’entrer dans le vif du sujet tout en cherchant à capter l’esprit du lieu dans lequel il se déroule. Car, comme pour l’excellent The American, le cinéaste attache autant d’importance à ses personnages qu’aux endroits dans lesquelles ils agissent, épaulé par la magnifique photographie de Benoît Delhomme.
La mise en scène, rigoureuse et efficace, prend son temps pour mieux faire ressortir les tensions et les brusques moments de violence tandis que l’intrigue et ses enjeux – souvent alambiqués chez John Le Carré – deviennent ici parfaitement limpides. (Seul bémol, peu crédible, tous les personnages parlent anglais même les allemands entre eux !)
Cet ensemble parfaitement maîtrisé permet au réalisateur de se focaliser sur son personnage principal : un solitaire qui, comme le personnage de tueur joué par George Clooney dans The American, a sacrifié sa vie personnelle à son « travail » et se retrouve brutalement menacé par son propre camp.
Dans ce rôle d’espion au bout du rouleau, Philip Seymour Hoffman impressionne par son ambivalence. Mal fagoté, bedonnant, accro à la boisson et à la cigarette et en permanence à bout de souffle, son personnage – aux allures de gros nounours paternel et sympathique – n’en reste pas moins un redoutable manipulateur.
Il offre une composition saisissante, à la fois pathétique et tragique, d’un anti héros qui semble lui ressembler comme un frère.
A ce titre, Un homme très recherché peut aussi être considéré comme le chant du cygne d’un comédien très convoité un peu trop dévoué à son métier.
En tous cas, la bande annonce est efficace. L’ambiance y est et l’image est propre.
Willem Dafoe est dans le coin, ce qui ajoute mécaniquement à mon intérêt.
Philip Seymour Hoffman, qui a tiré sa révérence en février dernier pour avoir trop usé de drogue, me semble encore très convainquant dans ce rôle de désabusé fatigué.
Personnellement, je suis plus réservé sur le rôle tenu par Rachel McAdams, qui ne devrait pas se retenir d’être moins jolie pour donner du corps à son jeu.