Simoni, le taulier d’un cabaret parisien est parti bouffer les pissenlits par la racine du côté du bois de Boulogne.
L’inspecteur Vallois, chargé d’élucider le meurtre, oriente rapidement son enquête vers Lucky : une jeune droguée qui était la maîtresse de la victime.
Une piste de plus en plus difficile à suivre pour ce policier désabusé qui tombe, lui aussi, sous le charme de la jolie « p’tite chleu » !
Avec Le désordre et la nuit, Gilles Grangier s’essaye au film d’ambiance. Sa description d’une boîte de nuit parisienne où se côtoient fêtards, musiciens, truands et policiers, au son d’une partition jazzy, est l’un des principaux attraits de ce petit polar noir qui en manque cruellement.
Pour compenser une intrigue pépère aussi prévisible que peu crédible – à l’image de l’improbable histoire d’amour entre le vieux flic bourru et sa « p’tite cinglée » d’allemande amatrice de torgnoles – le réalisateur mise sur les bons mots de Michel Audiard pour faire mouche :
– « Ca fait 20 ans que tu le connais, tu peux pas l’appeler toi-même ?
– Bah, quand je lui téléphone, il est jamais très aimable. Y’a quelque chose qui lui plait pas. C’est le téléphone ou moi. Il t’a jamais rien dit, non ?
– Sur le téléphone ? Non ».
Ainsi que sur quelques numéros de cabarets, hélas bien trop longs et surtout très datés.
C’est peu, d’autant qu’il n’y a pas de quoi s’extasier sur l’interprétation.
Gabin se caricature avec la moue des mauvais jours qu’on lui connaît (le voir jouer au dur et manger un pilon de poulet en levant le petit doigt fait plutôt sourire), tandis que sa jeune partenaire, Nadja Tiller, en rajoute dans le roulement d’yeux pour tenter de nous convaincre de son addiction, tout en débitant ses répliques avec application mais sans véritable talent.
Un peu comme son personnage, finalement !
Seule Danielle Darrieux, parfaite en bourgeoise froide et déterminée, parvient à maintenir l’intérêt dans les quelques scènes où elle apparait. Elle sauve, de peu, ce film au discours moralisateur qui ne tient qu’à moitié les promesses de son titre : polar nocturne, certes, mais dont le fameux désordre tient plus du trouble à l’ordre public.