Affiche du film Quai d'Orsay
Un jeune diplômé de l’ENA est chargé de rédiger les discours du charismatique ministre des Affaires Étrangères, Alexandre Taillard de Worms. Mais difficile de trouver les mots de la France à l’étranger entre des conseillers soucieux de leurs prérogatives, un directeur de cabinet lessivé et un ministre qui passe son temps à citer Héraclite et à courir après des stabilos qui ne peluchent pas.
Pour sa première comédie, Bertrand Tavernier s’attaque au monde de la politique et plus particulièrement à son langage. A la manière dont il est tricoté, plus que pensé, par des petits groupes de conseillers serviles désireux de plaire aux divagations, changeantes et contradictoires, d’abrutis égocentriques plein d’aplomb.
La mise en scène rythmée du cinéaste s’accorde parfaitement à cette charge caustique ainsi qu’aux passages en coup de vent du ministre qui, tel un dinosaure de la politique, balaie tout sur son passage et fait trembler les portes. Tandis que les dialogues, brillants jusque dans leur non sens, soulignent avec finesse et drôlerie le côté théâtral de tous ces ministères, où depuis les coulisses, des dizaines de souffleurs s’évertuent à donner un peu de consistance à quelques pantins en constante représentation.
Difficile de ne pas reconnaître Dominique de Villepin dans ce ministre totalement étranger aux affaires joué avec une formidable verve comique par un Thierry Lhermitte en grande forme. Face à lui, Raphaël Personnaz et Niels Arestrup sont, eux aussi, parfaits.
Même si le film traîne un peu en longueur et ne développe pas assez certains personnages, c’est à une des meilleures comédies française de l’année que nous convie Bertrand Tavernier ainsi qu’à une triste vision de la politique.
Son Quai d’Orsay est un asile de fous où les convictions ont disparu au profit du spectacle. Un spectacle qui fait parfois encore illusion, le temps d’un discours aux Nations Unies, avant de revenir… aux anchois, aux stabilos, à Héraclite et à l’ours Cannelle.
Bref, à l’essentiel camarade !