Deux petites filles de six ans sont enlevées dans la banlieue de Boston.
Le détective Loki, en charge de l’affaire, sait qu’il a peu de temps pour retrouver les fillettes saines et sauves.
Commence pour lui une enquête d’autant plus compliquée que le père d’un des deux enfants a décidé de tout faire pour les retrouver.
Thriller efficace et très noir, Prisoners aborde et entremêle de front l’enquête policière pour retrouver les deux fillettes et la terrifiante dérive des parents face à l’inacceptable. Tout en décrivant avec une certaine habileté la lente dislocation de deux familles, le cinéaste tente de nous montrer comment les actes inconsidérés et répréhensibles d’un père interfèrent dans le bon déroulement des investigations et mettent en péril la vie de son enfant.
Pour arriver à ses fins et faire naître le malaise, Denis Villeneuve installe son film dans la durée afin de rendre la tension palpable. Louable intention, du moins si le réalisateur d’Incendies n’en rajoutait pas dans les scènes sordides, insistant notamment sur la torture infligée à un suspect. Critique ou complaisance ? La question mérite d’être posée.
La charge contre la loi du talion et les valeurs nationalistes qui gangrènent les États-Unis ne fait, par contre, aucun doute avec la description de ce père lancé dans une vengeance aveugle. Un rôle difficilement tenable, oscillant en permanence entre empathie et dégoût, qu’incarne pourtant avec conviction Hugh Jackman. Face à lui, Jake Gyllenhaal apporte un peu plus de nuances à son flic pugnace, lui aussi taraudé par d’anciens traumatismes.
Avec son ambiance hivernale pesante, Prisoners fait tout de même preuve d’une réelle intensité dramatique tant au niveau de l’intrigue, pourtant émaillée de nombreuses coïncidences, que de la musique : nappes angoissantes utilisées avec parcimonie. Tandis que la mise en scène (un peu trop) démonstrative de Denis Villeneuve parvient à tenir en haleine jusqu’à la toute dernière seconde.
Le jeune réalisateur a du talent, on ne peut plus en douter ! Il va donc falloir penser à aller voir ses films … Oui, le froid est bon pour l’intensité d’un film, comme si la torpeur qui en émanait ne pouvait qu’aider les artisans d’un film à être bons tout en s’économisant. Alors si un québecois tourne, il faut le suivre, même avec des moufles … Merci Marcorèle pour ce repérage inspiré !