Affiche du film Le dernier pub avant la fin du monde
Cinq amis d’enfance se retrouvent pour terminer un Barathon qu’ils n’avaient pu achever une vingtaine d’années plus tôt.
Le temps d’une nuit, les voilà de nouveau en piste, à l’assaut des douze pubs de la ville où ils ont grandi sans se douter que Newton Haven est en proie à une invasion du troisième type.
Six ans après Hot Fuzz qui pastichait avec plus ou moins de bonheur les codes des films d’action, Simon Pegg et Nick Frost retrouvent le réalisateur de Shaun of the dead pour un hommage alcoolisé aux films d’invasion extraterrestre. Sans doute moins abouti que la comédie sur les morts vivants qui les a fait connaître, Le dernier pub avant la fin du monde n’en reste pas moins efficace en reprenant la structure narrative qui avait fait le succès de leur premier film et en exploitant jusqu’à l’ivresse la thématique – déjà très présente – du pub : ultime refuge quand rien ne va plus.
L’intrigue, coécrite par Simon Pegg et Edgar Wright, commence donc par prendre son temps pour mieux nous décrire les cinq compagnons de beuverie. Petit à petit, après chaque verre consommé, se dévoile leur caractère, leurs fêlures et surtout leurs regrets d’une époque révolue. Les deux scénaristes en profitent au passage pour régler leurs comptes avec nos sociétés de plus en plus standardisées, où l’uniformisation atteint jusqu’au plus petit débit de boisson, et prônent en riant le droit à l’ivresse et à la connerie, valeurs fondamentales de l’humanité.
Adeptes du mélange des genres – et après s’être offert les services d’un ancien agent 007 dans Hot Fuzz avec Timothy Dalton – les deux auteurs font un doublé Bondien en invitant dans leur hymne à la bière : Pierce Brosnan et Rosamund Pike, autrefois réunis dans Meurs un autre jour et tous deux fort convaincants dans le registre de l’autodérision.
Mais si une palme de l’interprétation biturée existe, elle revient sans conteste aux cinq acteurs principaux dont le jeu, virtuose, monte en charge à mesure que l’alcoolémie de leur personnage augmente et que le récit part en vrille. Ils nous offrent alors un réjouissant florilège de mots qui fourchent, de théories sérieusement fumeuses et de discussions sans queue ni tête propre aux délires éthyliques des piliers de bar. Un florilège de brèves de comptoir qui culmine avec deux magnifiques combats de pochtrons qui risquent de laisser plusieurs spectateurs sur le cul, sec ! Il faut dire qu’Edgar Wright n’a pas lésiné sur les effets spéciaux qui, loin d’être saoulant, en mettent plein la tête.
Cependant, la plus grande réussite du film tient surtout au fait que le doute subsiste en permanence sur les mésaventures de nos « cinq mousquetaires ». Véritable invasion ou simple délire de poivrots ? Le réalisateur laisse à chacun son interprétation tandis que ses héros ivre mort dévissent des têtes comme d’autres des bouteilles.
Adeptes de la cinématographie et de la soûlographie réunies, ne manquez pas cette invasion des profanateurs de pubs qui clôt, de manière explosive, une gouleyante trilogie parodique dont on reprendrait volontiers une petite pinte.
Santé, les gars !