Affiche du film Renoir
1915 – Côte d’Azur.
Une jeune femme prénommée Andrée vient proposer ses services en tant que modèle à la propriété d’Auguste Renoir.
Diminué moralement par la mort récente de sa femme et physiquement par l’arthrite qui paralyse ses mains, le vieux peintre va retrouver un nouveau souffle créatif auprès de cette rousse flamboyante dont les charmes ne vont pas laisser insensible le fils cadet de l’artiste, Jean, blessé de guerre en convalescence chez son père.
Une belle jeune femme à bicyclette se promène sous un soleil radieux et croise au détour de sa balade le mannequin d’un soldat prussien pendu à un arbre. Dès les premiers plans, Gilles Bourdos gangrène ses images à l’esthétique impressionniste (hommage aux tableaux de Renoir) par les stigmates de la première guerre mondiale.
Par petites touches sensibles et lumineuses, le réalisateur brosse l’univers du vieux peintre, à l’abri des affres du monde moderne, dans sa jolie propriété entre mer et campagne et tente de restituer les ambiances et les gestes de l’artiste lors de ses séances de travail.
Un univers dominé par les femmes.
Sources d’inspiration, elles s’occupent également de faire tourner la maison et passent, tour à tour, du rôle de modèle à celui de servante ou de cuisinière. Ce sont elles qui portent et transportent (au propre comme au figuré) les Renoir père et fils. Les supportent aussi. La philosophie de vie d’Auguste n’est-elle pas de se laisser porter comme un bouchon au fil de l’eau ? Une façon d’être que lui reproche Jean, mais dont il reproduit inconsciemment le schéma. Gilles Bourdos nous fait ainsi découvrir comment le jeune homme est devenu cinéaste presque par hasard : en se laissant porter par les désirs (de cinéma) d’une femme.
Auguste et Jean, les deux faces d’une même pièce.
On pourra reprocher au film son rythme indolent et regretter qu’il n’ait pas assez exploité les liens ambigus entre Claude, le plus jeune des fils de Renoir alors âgé de 14 ans, et Andrée (qui n’a, en fait, que 15 ans lors de sa rencontre avec le peintre). Remarques vite tempérées par la qualité des dialogues et de l’interprétation.
Christa Théret donne véritablement chair au personnage d’Andrée, à sa gouaille et à ses fêlures. Tandis que, face à elle, Vincent Rottiers s’impose par son interprétation sensible et toute en retenue.
Mais c’est surtout Michel Bouquet qui fascine. Malicieux et émouvant, il redonne vie au peintre avec une belle simplicité de jeu et trouve là un de ses meilleurs rôles.
Ne serait-ce que pour sa prestation, ce Renoir mérite vraiment qu’on s’y attarde.