Panique au sein des agences de renseignement américaines.
L’affaire Jason Bourne risque de mettre à jour d’autres expériences militaires menées en secret par certains de leurs services et destinées à créer des super soldats.
Ordre est donné de faire disparaître toutes traces de ces activités compromettantes : agents de terrain et scientifiques compris. Mais le sujet numéro 5, Aaron Cross, n’entend pas se laisser enterrer sans rien faire.
Tant qu’à poursuivre la trilogie d’action la plus novatrice – et la plus rentable – de ces dix dernières années, le choix de confier les rênes d’une nouvelle saga issue de l’univers Bourne (Matt Damon n’ayant pas souhaité reprendre son rôle) au scénariste des trois premiers films était une bonne idée. Plutôt que de garder le même héros et de changer son visage à la manière des James Bond, Tony Gilroy préfère créer un nouveau personnage et développer une intrigue parallèle à celle de La vengeance dans la peau. Cet habile choix scénaristique permet à Jason Bourne : l’héritage de se démarquer, du moins dans sa première demi-heure, des suites convenues qu’appelle souvent ce genre de grosse production. Et c’est avec plaisir que l’on retrouve l’attrait du réalisateur de Michael Clayton et de Duplicity pour les intrigues à tiroirs ainsi que son goût pour les castings solides et attrayants : de Jeremy Renner à Rachel Weisz en passant par Edward Norton.
Mais les bonnes surprises s’arrêtent là.
En prenant les commandes de cette superproduction d’action, Tony Gilroy à étrangement négligé ce qui faisait le charme de ses précédents films et de ses scénarios : à savoir la dimension humaine de ses personnages et leur finesse de caractère.
Contrairement à Jason Bourne, Aaron Cross paraît n’avoir aucune faille. Et puisqu’il n’a pas à rechercher qui il est, sa seule motivation réside dans le fait de découvrir qui veut le tuer, tout en se sevrant du traitement qui augmente ses capacités physiques et intellectuelles. Le manque d’ambigüité du personnage et sa quête un peu simpliste enlèvent tout enjeu à un récit plombé par un discours patriotique douteux et une banale histoire d’amour qui gâche jusqu’au dernier plan du film. L’ensemble donne l’impression d’assister à un pâle remake de La mémoire dans la peau, l’originalité du sujet de Doug Liman et la nervosité de la mise en scène de Paul Greengrass en moins.
Plus proche d’un James Bond de série que de la brillante trilogie dont il s’inspire, Jason Bourne : l’héritage ne fait pas honneur à la saga qui semble avoir définitivement perdu son identité dans des considérations mercantiles.
Un spectacle décevant qui ne satisfera que ceux qui ont l’oubli dans la peau…
Le quatrième opus restera donc à réaliser… Dommage que Matt Damon ait lâché la série, mais lui a-t-on proposé quelque chose de valable ?
Marcorèle annonce avec efficacité : « Le manque d’ambigüité du personnage et sa quête un peu simpliste enlèvent tout enjeu à un récit plombé par un discours patriotique douteux et une banale histoire d’amour »… Mais c’est exactement ce qu’on pouvait craindre, et c’est exactement ce qu’ils ont fait !
C’est tout de même navrant de toujours être déçus par les grosses productions dans leur désir d’exploiter les filons pourtant bien délimités …
Alors, on va plutôt se regarder pour la sixième fois La mémoire dans la peau, et surtout aller voir des films plus ambitieux …