1965. Sur une île isolée, un jeune scout s’enfuit de son campement tandis qu’au même moment une jeune adolescente quitte le domicile familial. Se connaissent-ils ? Sont-ils partis ensemble ? C’est ce que vont essayer de découvrir le capitaine Sharp et le chef scout Ward alors qu’une violente tempête s’approche.
Après s’être fourvoyé en Inde avec A bord du Darjeeling Limited (2008), Wes Anderson semble revenir à ses débuts de réalisateur – Sam, le jeune scout asocial, pourrait bien être un lointain cousin de Max, le jeune génie de Rushmore (1999) – et à la comédie familiale douce amère qui a fait son succès. A ceci près que les adultes immatures qui lui servaient autrefois de héros ont laissé place à des préadolescents qui agissent et s’aiment comme des grands.
Subtile variation qui fait que si l’on retrouve le même humour loufoque et décalé du cinéaste, il se teinte cette fois d’une certaine forme de nostalgie.
Celle des années 60 que Wes Anderson restitue à merveille à travers les tenues vestimentaires et les différents objets d’époque (du tourne-disque à la boîte de Tang à l’orange), ainsi que par une image de carte postale aux teintes pastelles un peu désuètes.
Mais aussi celle des amours enfantines, de leur fougue et de leur innocence éphémère, bientôt balayés par le passage à l’âge adulte (à l’image de la petite plage où les jeunes amoureux trouvent refuge et qui sombre, corps et bien, pendant la tempête).
Comme d’habitude chez Wes Anderson, un grand soin est apporté au casting (Jared Gilman et Kara Hayward, les deux jeunes fugueurs, sont épatants) et les stars se bousculent devant sa caméra. Les habitués comme Bill Murray et Jason Schwartzman. Mais aussi des nouveaux venus qui semblent s’en donner à cœur joie. De Bruce Willis (qui a retrouvé son talent, ses cheveux et des pantalons « feu de plancher ») à Edward Norton. De Frances McDormand à Tilda Swinton (dans son énième, mais toujours croustillant, numéro de méchante). Sans oublier l’apparition savoureuse d’Harvey Keitel en grand chef scout.
Il faut dire que que le réalisateur de La famille Tenenbaum sait les mettre en valeur par sa mise en scène inventive. Dès le premier plan, avec son long travelling latéral qu’il réitérera à plusieurs reprises, il impose son regard ludique qu’il associe au mouvement de sa caméra. Sans doute histoire de réaffirmer qu’au cinéma, technique et narration sont indissociables et que c’est de leur somme que naît un film. De même que la somme de tous les instruments de musique (énoncés par Sam durant le générique de fin) finit par composer le joli morceau d’Alexandre Desplat qui clôt le film.
A noter qu’à une époque où cinéastes français et étrangers ne jurent plus que par la musique anglo-saxonne pour agrémenter leurs bandes originales, le choix de morceaux classiques et d’une chanson française (Le temps de l’amour de Françoise Hardy) pour accompagner les tribulations des deux jeunes héros se pose comme un véritable contrepied au conformisme ambiant et contribue grandement au charme rétro de Moonrise Kingdom.
Wes Anderson aime le mélange des genres (les enfants déguisés en animaux pour un spectacle sont-ils un clin d’œil à son film d’animation Fantastic Mr Fox ?) mais sa façon d’appréhender le monde peut paraitre dérisoire et en désarçonner plus d’un. Il serait toutefois dommage de ne pas tenter d’entrer dans son univers. De ne pas se tenir « Toujours prêt ! », comme les scouts, juste au cas où…
Je suis aussi un grand bavard, c’est un fait avéré !
Et bien, je vais essayer de faire très court, pour contredire ma nature …
C’est un superbe film, ravissant, fleuri, champêtre, drôle, délicatement suranné ; une belle histoire d’amour, d’aventure, de rencontres. On ressort plus grands de ce film, heureux, tout simplement.
A voir en V.O. !
Et puis, on dit suffisamment de mal des films amerloques pour ne pas rater l’occasion d’en dire du bien quand on en a l’occasion ! Vive le cinoche amerloque ! … de qualité !
J’avais dit très court : Je synthétise, alors : Allez voir ce film ! Vous ne serez pas déçus !
On vient de voir « à bord du Darjeeling limited » qu’on a bien aimé, bien déjanté le film. Dommage la bande annonce de Moonrise kingdom n’est plus disponible… Ça donne envie
Voilà, j’ai remis la bande annonce. 🙂
quelle célérité ! 🙂