Une série de meurtres intrigue le commandant Lassalle, policier brisé par la mort de sa femme. L’enquête s’annonce difficile d’autant que les meurtres sont presque parfaits et que le principal suspect est un accordeur de piano… aveugle !
Petit polar de série B dont l’originalité tient au profil du tueur, le film de Xavier Palud n’est pas exempt d’incohérences et de facilités de scénario. Mais avec ses belles ambiances nocturnes et ses dialogues efficaces, il se laisse suivre sans déplaisir.
Surtout, le réalisateur a le mérite de faire reposer son récit sur la confrontation de deux comédiens épatants plutôt que de privilégier les scènes d’action.
Si Lambert Wilson en impose dans son rôle d’aveugle froid et méticuleux, c’est Jacques Gamblin qui impressionne en apportant pas mal d’ambigüité à son personnage de flic désabusé et suicidaire. De film en film, ce comédien s’impose comme une valeur sûre du cinéma français. Et ça, il faudrait vraiment être aveugle pour ne pas le remarquer.
Ok, tu me le fais découvrir sous un jour un peu différent. Las, je n’ai pas pu voir les belles ambiances nocturnes.
La critique de Marcorèle est inhabituellement courte. Le souffle court ?
L’appel à aller voir ce film n’en est que plus franc.
Lambert Wilson et Jacques Gamblin, c’est déjà de la valeur sûre ! Les choisir, les réunir, c’est déjà du bon boulot ; alors Xavier Palud devait réussir.
Nous irons donc, en toute confiance !
C’est marquant, cette multiplication des films où les rôles d’acteurs sont rendus difficiles par la présence d’un handicap qui limite leur mode d’expression de leur personnage et les oblige à une performance réservée aux meilleurs. On n’a pas encore oublié François Cluzet cloué dans son fauteuil de paraplégique. Dans un documentaire diffusé il y a quelques jours, Jean-Louis Trintignant et Costa Gavras évoquaient cette difficulté d’exprimer quand on bride volontairement l’expression, soit pas le rôle, soit par la mise en scène. Dans « Z », le petit juge d’instruction joué par Trintignant porte des lunettes noires au début du film, pour s’effacer comme on le lui demande, et les retire petit à petit quand il s’affirme et s’insurge contre le complot de la hiérarchie d’extrême droite. Ces lunettes le cachent mais le mettent aussi à l’abri, lui permettent d’observer pour forger son opinion et préparer sa contre-attaque.
Masque ou bouclier, les lunettes sont un personnage intriguant.
Celles de l’aveugle ne cessent de nous interroger. Que pense-t-il de nous autres, voyants, avec sa manière particulière de voir les choses, et de pas pouvoir nous l’exprimer d’un regard ?
Heureusement, il est bavard et son timbre de voix et son sourire nous disent ce que sa pupille ne peut pas…