Affiche du film La main du diable
Une inquiétante main passe de propriétaire en propriétaire au fil des siècles, apportant succès et richesse à celui qui la possède. Mais le prix à payer pour un tel pouvoir n’est-il pas exorbitant ?
Inspiré d’une nouvelle de Gérard de Nerval, La main du diable tient une place à part dans l’histoire du cinéma français.
Tourné en 1943 et produite par la Continental-Films (société de production française financée par des capitaux allemands afin de développer des films de propagande), le film de Maurice Tourneur a su habilement se jouer des contraintes de l’occupation en choisissant de développer un récit fantastique aux multiples interprétations. Car grâce au savoir-faire de son scénariste, Jean-Paul Le Chanoix, on peut également voir La main du diable comme une métaphore sur les conditions de vie de l’époque (les clients de l’hôtel n’arrêtent de dire qu’ils ont faim et attendent avec impatience l’heure du repas) ainsi que comme un constat de la situation politique du pays qui, avec le gouvernement de Vichy, avait vendu son âme au diable.
Maurice Tourneur développe pour l’occasion un cinéma fantastique qui se démarque des productions anglo-saxonnes par l’apparition du surnaturel au sein du quotidien le plus banal. D’ailleurs, si la représentation du diable sous les traits d’un vieux comptable affable coiffé d’un chapeau melon peut sembler déconcertante, l’idée se révèle troublante et prémonitoire au vu des crises économiques actuelles…
Renforcé par la sobriété du jeu de Pierre Fresnay, ce basculement progressif vers l’étrange est mis en valeur par un somptueux noir et blanc ainsi que par un magnifique travaille sur les ombres et la lumière. Le morceau de bravoure du film étant la rencontre du dernier possesseur de la main avec les fantômes masqués de ses prédécesseurs et le récit qui lui est fait du voyage de celle-ci à travers les siècles. D’un duel à la pleine lune à une opération chirurgicale très stylisée, ces quelques séquences d’une beauté vénéneuse – véritable hommage à l’expressionnisme allemand – marquent durablement l’esprit. Tout comme la modernité du propos qui dit en substance que chaque jour passé à tergiverser, risque de vous coûter le double.
Certainement l’un des dix meilleurs films fantastique français, La main du diable, malgré son grand âge, n’a rien perdu de son éclat et de son pouvoir de fascination.

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